Les chroniques d'Olivier - Mercredi 05 juillet 2017
EQUIPE DE FRANCE PRO ELITE 2017 : LA PRESSION, C'EST NOTRE CARBURANT !
A quelques jours du premier rassemblement à Chambly des douze Bleus appelés par Raphaël Dubois dans sa longue liste, j’ai eu la chance de parler avec Luc Laguerre de l’équipe de France qu’il entrainera de nouveau cette année, de ses cavaliers, de ceux qui n’en feront pas partie… Premiers échanges pour marquer le début de la campagne internationale de nos Bleus…
Regard posé sur un magnifique coucher de soleil sur sa Provence, avec ses couleurs qui inspiraient Van Gogh, Luc Laguerre semble attendre, avec l’impatience et la sérénité de l’homme de passion et d’expérience, la nouvelle campagne internationale des Bleus. L’entraîneur de l’équipe de France a pourtant conscience de l’enjeu : "C'est pour l'équipe de France une page qui se tourne, à nous de mettre en place les éléments qui vont permettre à une génération nouvelle d'écrire sa propre histoire…". Une histoire qui va débuter avec douze joueurs retenus par Raphaël Dubois, le sélectionneur national, pour une longue liste mêlant expérience et jeunesse : "Nous allons nous appuyer sur Romain Depons, joueur charismatique s’il en est, accompagné de son frère Benjamin, ainsi que sur Clément Haby, Antoine Cocoynacq, Tom Dupau… et forcément sur les petits nouveaux… Aux anciens de montrer la voie, aux jeunes d’avoir l'envie de s'imposer". L’œil du coach brille, riant et joueur comme l’homme : "Personnellement, j'attends beaucoup de ce mélange des générations".
Qui dit nouvelle génération dit aussi nouvelle façon d’aborder le tournoi Chambly World Tour, première étape de la préparation des Bleus, puisque c’est seulement à son issue que le staff de l’équipe de France annoncera les noms des huit cavaliers retenus pour les Championnats d’Europe. Luc confie : "Le groupe de 12 est une idée qui me plait beaucoup même si à la sortie, il faudra expliquer à 4 garçons qu'ils ne sont pas retenus, leur dire pourquoi et leur donner des axes de travail". Il est évident que le staff a fait ce choix pour maintenir la pression sur son groupe, comme le confirme l’entraîneur : "Effectivement, cela génère de la pression mais la pression, c'est notre carburant : elle doit permettre aux gars de se surpasser, d'élever leur niveau d'exigence. Ceux qui ne supportent pas la pression ne seront pas invités. C'est pour l'instant le propre de l'équipe de France, on arrive sur les compétitions avec un statut de favori, on sait que tout le monde attend notre premier faux pas : donc, dans un contexte avec beaucoup de jeunes, nous essaierons d'identifier les solides. Nous avons des temps de préparation assez courts, nous avons besoin de gens disponibles, combattifs et déterminés".
Parmi les jeunes, on pense tout d’abord aux Lillois qui ont probablement laissé le titre leur échapper le samedi à Jardy par manque d’expérience et vers lesquels beaucoup de regards seront tournés à Chambly. Dont ceux des membres du staff : "Parmi ce que j’attends du tournoi, à propos de la jeunesse des Lillois, c'est tout l'intérêt du truc… On va pouvoir vérifier comment ils vont supporter le maillot bleu. À Lille, il n'y a que des jeunes, un public chaud bouillant et c'est vrai que par moment, ils ont sur-joué... On va les évaluer dans un contexte différent, voir si on peut les aider… ". Luc s’interrompt quelques instants puis continue la revue d’effectifs des nouveaux visages : "C’est pareil pour les Camblysiens : ils ont eu une saison compliquée, il faut qu'ils se servent des autres pour recharger les batteries et se remobiliser". Le tour d’horizon des petits nouveaux continue ensuite avec Charles Eliott Lacombe, fraichement sacré Champion de France Pro avec Loire sur Rhône dont la sélection a fait parler au bord des terrains et sur les forums ; le coach tranche immédiatement : "Les experts anonymes peuvent jacasser autant qu'ils veulent… Charles Eliott est excellent en touche, en défense, il marque des buts... Il a une énorme marge de progression, il est humble et à l'écoute alors, on le surveille...". Enfin, nous évoquons Ladislas Crausaz que le staff a aussi suivi attentivement au cours de l’année : "Lad, on le surveillait depuis le début de saison parce qu'on cherchait des joueurs de touche pour remplacer Jean-Baptiste Depons, on l'aurait sûrement convoqué au stage en mars s’il n’avait pas perdu son cheval à Saint-Lô. À Mash, à part lui et Johann, je ne vois pas d'autres gars dans le profil recherché pour les Bleus".
Le coach venant de citer les noms de Jean-Baptiste Depons et de Johann Pignal, deux cavaliers majeurs de notre championnat qui ne seront pas en bleu cet été, je sens qu’il est temps de parler des absents majeurs de la longue liste : "Leur absences, ce sont des choix personnels dont on avait déjà discuté avant le rassemblement de Lamotte en mars. Jean-Ba s'arrête : pour moi, il a été le meilleur joueur du tournoi à Ponte de Lima l’été dernier, il part sur un titre et on sait l'importance qu'il avait dans le groupe Bordelais. Il tourne la page pour se consacrer à sa famille et son travail : respect et bon vent, l'ami !". Luc enchaîne avec le cas du capitaine de Paris Mash, troisième formation du championnat Pro Elite : "Pour Johann, c'est différent, c'est un choix plus personnel mais je l'ai entendu : je le comprends mais ce n'est pas à moi de l'expliquer…".
L’autre grand absent qui nous vient à l’esprit, c’est Nicolas Thiessard, encore auréolé cette saison d’un titre de champion de France. Dans ses propos, on devine que c’est autant le coach que l’ami qui répond en cette fin de soirée Provençale : "Pour Nico, c'est une autre histoire, j'ai eu le sentiment en discutant avec lui (on s'appelle très régulièrement), qu'au moment où il a décidé de raccrocher, quelque chose en lui s'était désamorcé, je n'avais pas envie de lui faire courir le risque de disputer une non-compétition. C'est le joueur le plus capé de l'histoire du sport, c'est un vrai acteur de la discipline, il sera avec nous à Saint-Lô et on aura peut-être besoin de son regard averti sur les adversaires et la vie du groupe…".
Une phrase qui me rappelle l’émouvante cérémonie de la remise des maillots à laquelle Luc avait demandé à son épouse Christine Laguerre et à Nicolas Thiessard de participer pour enrichir la causerie de leur propre expérience. Et qui me donne envie, pour conclure notre échange, de savoir ce que le staff a dit en aparté aux Bleus millésime 2017 juste après l’annonce la longue liste à Jardy : "La causerie a été assez brève, une grande partie concernait la logistique et le reste portait sur le fonctionnement. On a simplement demandé aux garçons de nous tenir au courant de leur état de santé et de celui de leurs chevaux. Et pour les moins aguerris, de ne pas hésiter à nous contacter à la moindre question et de se rapprocher de leur capitaine Romain". Comme une première façon, en attendant de le faire sur le terrain, de tisser le lien entre les cadres de l’équipe de France et ses cavaliers moins expérimentés. "Les bleus des Bleus", oserais-je les appeler…
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |