Les chroniques d'Olivier - Vendredi 02 juin 2017
ENTRETIEN AVEC MARTIN DENISOT (CTN / FFE) !
A quelques heures du coup d’envoi du Grand Tournoi 2017, je suis allé à la rencontre de Martin DENISOT, Conseiller Technique National en charge du Horse-Ball au sein de la FFE. Un acteur majeur de notre sport, pourtant probablement peu connu du grand public. Interview découverte pour parler du Horse-Ball à tous les niveaux, des jeunes qui seront à l’honneur à Lamotte ce week-end à nos équipes de France...
. Olivier Leschiera : Bonjour Martin. Merci de cette interview à quelques heures du Grand Tournoi, la grande fête du Horse-Ball ! En quoi consiste votre mission de Conseiller Technique National ?
. Martin DENISOT : Bonjour Olivier. Je fais partie de la Direction Technique Nationale pilotée par Sophie Dubourg, notre directrice : nous formons une équipe de 10 personnes qui met en oeuvre le projet sportif de la FFE. Nous agissons sur trois axes principaux : le développement, la formation et le sport. Plus concrètement pour le Horse Ball, je m'occupe du suivi de la discipline et notamment, de faire le lien avec le projet fédéral dans son ensemble. J'ai une vue transversale avec les autres disciplines. Pour le Horse-Ball, je travaille beaucoup en lien avec les spécialistes de la discipline, notamment Raphael Dubois, notre sélectionneur national, et Julien Thiessard le président de la commission. Je suis donc chargé du suivi des évolutions réglementaires, de l’établissement des plannings de mission de nos intervenants, de la coordination des calendriers de compétition, de la gestion des qualification pour les championnats, de l'organisation des équipes de France mais aussi du développement de la discipline.
Parallèlement au Horse-Ball, je m'occupe de l'endurance et du polo et, pour toutes les disciplines du projet jeunes de la FFE, la détection des meilleurs et l'accompagnement du double projet sportif et scolaire. Je gère aussi le suivi des dispositifs pour les Sportifs de haut Niveau. En 2018, je serai chef de mission pour les Jeux Equestres Mondiaux à Tryon (USA).
Des missions variées et passionnantes : nous avons plus de 30 disciplines à la FFE !
Martin Denisot
. Olivier Leschiera : Pouvez-vous nous parler aussi de votre parcours professionnel et votre expérience de cavalier ?
. Martin DENISOT : Plus personnellement, j'ai été cavalier de concours complet jusqu'en 3 étoiles avec plusieurs participations en championnats d'Europe jeunes. J'ai aussi pratiqué le CSO et le dressage et, bien sûr, un peu le Horse-Ball plus jeune dans le club de mes parents ! Sur le plan professionnel, j'ai intégré la FFE en 2009 après avoir passé un concours du ministère des sports : je venais de terminer un Master en droit et économie du sport. J'ai aussi passé les diplômes d'enseignants BEE1 et BEE2.
. Olivier Leschiera : Quelles sont la vision et les ambitions de la Fédération pour le Horse-Ball à moyen et long terme ?
. Martin DENISOT : Bien sûr, l'ambition est de continuer à développer la discipline en France, pour avoir de plus en plus de joueurs et rester leader mondial sur les différents championnats. Nous réfléchissons actuellement à des projets de développement en région pour encourager de nouveaux clubs à venir dans cette discipline. A la FFE, nous avons un déficit de garçons : le Horse-Ball peut les intéresser ! Nous souhaiterions également créer un nouveau type de compétition pour les plus petits, en simplifiant les règles et en ajoutant un aspect ludique avec des ateliers autour du ballon.
. Olivier Leschiera : La France est toujours la nation majeure de notre sport au niveau international (nombre de cavaliers pratiquants, résultats lors des championnats internationaux, structuration des championnats dès les jeunes…) : quelles sont vos relations avec la FIHB dans ce contexte ? La FFE a-t-elle un poids particulier, un rôle particulier dans le développement international du Horse-Ball ?
. Martin DENISOT : Nous entretenons de bonnes relations avec la FIHB : malheureusement, aucun Français n'est présent dans son organisation. Nous nous rendons aux assemblées générales et force est de constater que la plupart des évolutions proposées par la France pour la discipline est ensuite reprise par la FIHB. L'idéal serait d'intégrer le Horse-Ball au sein de la Fédération Equestre International. Avec la FEI, l'organisation est clairement établie et l'ensemble des disciplines mondiales est gérée sur le même schéma ; les moyens financiers pour le développement du Horse-Ball à l'international seraient également plus conséquents.
Sophie Dubourg
. Olivier Leschiera : Les finales féminines au Mans ont eu lieu début mai : quelle est votre vision du Horse-Ball féminin en France ?
. Martin DENISOT : Le Horse-Ball féminin se porte bien et nous avons eu un très beau championnat au Mans. Il me semble qu'au niveau pro et amateur, le niveau a bien évolué ces dernières années : les équipes se sont mieux structurées, ce qui nous a notamment permis de créer une catégorie Pro supplémentaire l'année dernière.
. Olivier Leschiera : Et pour les championnats mixtes (Pro Elite, Pro, Amateur Elite, Amateurs, Critérium, Club, Jeunes) ?
. Martin DENISOT : Même constat, les circuits sont aujourd'hui assez bien structurés ! Pour les clubs et les jeunes, on constate une évolution permanente depuis plusieurs années. Au Grand Tournoi cette année, on constate une évolution du nombre de partants de 7%, soit 21 équipes en plus. Nous avons 322 équipes en 2017. Pour les Pro, je pense que les équipes pourraient encore se professionnaliser, travailler sur le sponsoring et les partenariats, tout comme les organisateurs d'ailleurs qui pourraient alors proposer des compétitions moins coûteuses avec plus de services. Il n'y a pas de dotation en Horse-Ball comme en CSO mais je pense que nous pouvons trouver d'autres sources de financement pour alléger les coûts d'une saison d'une équipe qui restent élevés.
. Olivier Leschiera : Quelle est la vision de la Fédération sur les journées de championnat de circuits fermés ? Les débats sont fréquents sur leur médiatisation (retransmission des matches, public assez confidentiel et peu ouvert à des publics plus larges hormis au Salon du Cheval) : y a-t-il des réflexions au sein de la Fédération pour améliorer la visibilité du Horse-Ball ?
. Martin DENISOT : Les étapes des circuits fermés ont évolué. Les joueurs de haut niveau sont plus exigeants : le constate est le même dans les autres disciplines ! Du coup, nous avons ciblé, autant que possible, des lieux de qualité avec de belles pistes, de bons sols et des espaces couverts pour l'hiver. Ce n'est pas toujours facile quand il faut en plus prendre en compte un aspect géographique pour le déplacement des équipes et les disponibilités des beaux sites de compétition. Pour la médiatisation, nous rencontrons la même problématique pour toutes les disciplines : l'équitation et ses équipes de France restent peu médiatisées auprès du grand public. Nous avons tout de même la chance d'avoir une chaîne dédiée à l'équitation avec Equidia et ce qui est dommage, c’est que nous y voyons peu de Horse-Ball : pourquoi ne pas essayer de leur vendre le circuit pro Elite ? La FFE avait axé la saison 3 du programme "Le cheval, c'est trop génial" sur le thème du Horse-Ball avec, au final, une belle visibilité sur la chaîne GULLI. Pour la retransmission des matches, il y a de plus en plus de possibilités avec les connexions internet : j'ai par exemple regardé un cross en direct sur Dailymotion le week-end dernier ! Il y a aussi des plates-formes payantes tel que Clip my horse qui se développent : peut-être faut-il s’en rapprocher. Il y a quelques années, des moyens potentiels importants étaient identifiés avec les paris sportifs : nous avons essayé de lancer le Horse-Ball et le CSO mais les résultats n'étaient pas très satisfaisants.
Raphaël Dubois
. Olivier Leschiera : Un autre thème qui fait régulièrement débat (comme dans tous les sports) porte sur l’arbitrage : quelle est votre vision sur l’arbitrage en HB ? Des sports collectifs majeurs ont une organisation dédiée pour l’arbitrage (en football, la FFF a eu une Direction Technique de l’Arbitrage et une commission fédérale de l’arbitrage par exemple, en rugby, la FFR a un Directeur National de l’Arbitrage) : est-ce que la FFE a des réflexions pour renforcer l’arbitrage ?
. Martin DENISOT : Les réflexions portent sur toutes les disciplines équestres, nous allons essayer de développer la formation en ligne pour évaluer plus souvent et régulièrement les officiels de compétition. La FFE et les CRE organisent des regroupements d'arbitres et des formations. Nous pouvons encore améliorer le contenu de ces formations. Il y a quelques années, un référent de l'arbitrage du rugby était venu nous présenter leurs dispositifs et leur gestion des joueurs sur le terrain : c'était très instructif. Ensuite, c'est par la pratique que l'on progresse : il faut encourager le tutorat pour que les plus expérimentés forment et aident les plus jeunes. Nous essayons justement d'encourager les jeunes pour apporter du renouveau à la discipline. Enfin, Raphael Dubois et Julien Thiessard sont missionnés par la FFE sur toutes les étapes Pro : leur mission consiste entre autre à analyser et débriefer les prestations des arbitres avec ces derniers.
. Olivier Leschiera : Parlons désormais du Grand Tournoi et plus particulièrement des jeunes : comment s’annonce pour vous l’édition 2017 avec 179 équipes engagées (de moustiques à juniors) ? Quels sont pour vous les enjeux principaux du Grand Tournoi ? Quels messages aimeriez-vous passer aux cavaliers, aux coaches et aux parents ?
. Martin DENISOT : Le grand tournoi, c'est le plus beau succès du Horse-Ball ! Toutes ces équipes qui se réunissent sur un même site, c'est fantastique ! L'édition 2017 s'annonce bien, il est globalement prévu du beau temps et pas trop de chaleur : c'est souvent un facteur déterminant de la réussite de l’événement ! Blague à part, l'organisation est bien rodée : l'année dernière, il y a eu des soucis avec les parkings suite aux gros orages et, du coup cette année, tous les boxes sont sur des espaces stabilisés en utilisant les boxes bleus. L'enjeu, il est pour les Cadets avec la sélection de l'équipe de France et bien sûr, pour tous les autres, avec un titre par catégorie. Si j'ai un message à faire passer, restez cools et prenez du plaisir ! Il ne s'agit pas des championnats du Monde et nous voyons malheureusement trop souvent de mauvais comportements, notamment des supporters : il y aura forcément des gagnants et des perdants, l'important est de donner le meilleur de soi-même et d’accepter avec humilité le résultat. Le Grand Tournoi c'est une bonne opportunité pour enseigner à nos jeunes des valeurs importantes : courage, volonté, contrôle de soi, respect et amitié !
Julien Thiessard
. Olivier Leschiera : Le Grand Tournoi sera de nouveau marqué par le Grand Tournoi International avec des sélections internationales U21. Quelles sont les équipes en lice ? Quels sont les attentes et les objectifs de la FFE pour cette sélection ? Pensez-vous qu’il faudrait que la catégorie U21 soit officiellement reconnue au niveau international avec des championnats comme pour les Pro Mixtes, les Ladies et les U16 ?
. Martin DENISOT : Les équipes participantes cette année sont la France, la Belgique, la Grande-Bretagen et l'Espagne. Nous avons créé cette catégorie car il nous semblait important de conserver un suivi des jeunes après leur passage en Cadets et avant leur intégration en Seniors. C'est un bon moyen de les préparer à intégrer le très haut niveau. Nous attendons des joueurs sélectionnés que la France remporte le tournoi mais aussi qu'elle montre du beau jeu et de l'exemplarité à tous les jeunes qui viennent en soirée les admirer. Au niveau de la FIHB, nous avons fait la proposition de rajouter cette catégorie mais entre le peu d'équipes et le coût supplémentaire pour chaque nation, pour l'instant, nous restons à trois catégories.
. Olivier Leschiera : Terminons notre échange sur nos équipes de France en nous projetant sur le Championnat d’Europe à Saint-Lô en août prochain. Qu’attendez-vous de nos internationaux et quels sont les objectifs de la saison ? Au Grand Tournoi, comme vous l’avez dit il y a quelques secondes, la sélection U16 sera dévoilée : avez-vous un message particulier à faire passer aux jeunes cavaliers et à leurs proches qui porteront nos couleurs aux Championnats d’Europe (et à ceux qui y prétendaient et n’auront pas été retenus) ?
. Martin DENISOT : L'objectif est de remporter les trois catégories : nous essayons de mettre en place le nécessaire pour y arriver en prenant des entraîneurs compétents et en préparant les équipes à l'occasion de stages et tournois de préparation. Nous avons la chance d'organiser régulièrement les événements internationaux en France : c'est une chance pour nous et pour la visibilité du Horse-Ball. La sélection des filles est déjà tombée, celle des Cadets va l'être ce week-end : je les félicite tous car c'est l'aboutissement de toute une préparation et un investissement important d'eux-mêmes et de leur entourage. Une fois sélectionnés, ils sont nos représentants et leur comportement sous les couleurs du drapeau français se doit d'être irréprochable, tout en donnant le meilleur d'eux-mêmes ! Pour ceux qui n'ont pas ou n’auront pas été retenus, il faut éviter de communiquer négativement sur leur sort : cela ne sert à rien et ne peut que les desservir pour l'avenir. C'est toujours difficile et je les comprends : il faut savoir rebondir et se fixer de nouveaux objectifs !
. Olivier Leschiera : Dernière question sur un rêve que beaucoup de passionnés de Horse-Ball ont forcément en tête… La pression monte de plus en plus sur le choix de la ville qui organisera les Jeux Olympiques en 2024 : si Paris était retenue, est-ce qu’avoir le Horse-Ball en sport de démonstration vous semble un rêve accessible ou est-ce illusoire ?
. Martin DENISOT : C'est accessible ! Il faut être optimiste, même si le cadre des JO est très réglementé ! Ce sera de toute façon une grande fête pour tous les sports en France !
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |
Publié par HBinLove le 03-06-2017 11:26
Belles perspectives d'avenir pour une discipline aux valeurs collectives omnipresentes. Dommage que certains se complaisent dans la critique et le passe plutot que de chercher a s'ouvrir sur le Monde Equestre. Le developpement du Horse Ball passera forcement par une meilleure integration de la discipline dans une dynamique internationale, ce que porte la FFE!
Publié par Speedy le 02-06-2017 20:54
Article interessant,
Le horse ball evoluera si tout le monde avance dans le meme sens.
Le commentaire precedent ne peut que nous faire du tort et c'est dommage!
Vive le HB !
Publié par Revolutionnaire le 02-06-2017 13:35
Le roi de la langue de bois avec des annonces tonitruantes, des perspectives bien ficelees, un veritable projet d'avenir pour le sport ! Nous nous complaisons dans le mediocre avec un DTN qui s'en fout du horse-ball...