Les chroniques d'Olivier - Vendredi 24 février 2017
RAPHAEL DUBOIS : EN ATTENDANT LES LISTES !
C’est dans le centre équestre qu’il dirige à Salon-de-Provence que j’ai retrouvé le sélectionneur national à quelques jours de l’annonce des listes de cavalières et cavaliers appelés pour le stage de préparation de fin mars. Premier rendez-vous d’une saison en bleu qui se terminera en août à Saint-Lô. Raphaël Dubois prend un peu de temps pour parler de la saison de Horse-Ball 2016/2017 et de son Groupe France en cette fin d’après-midi en Provence dans une douceur hivernale réconfortante...
Nous commençons tout d’abord à discuter de la saison Pro Elite et Raphaël me confie immédiatement qu’il n’y a pour lui globalement pas de grosses surprises après dix journées de championnat : "Les perspectives de classement se confirment avec Bordeaux, Chambly et Lille devant." Le sélectionneur précise sa vision : "Je pensais que Bordeaux dominerait plus que cela la saison car ils n’ont pas surclassé toutes les équipes qu’ils ont rencontrées. Chambly, malgré l’arrêt de Florian Moschkowitz, semble globalement plus performant que la saison dernière et s’est montré assez solide. L’équipe de Lille est, quant à elle, capable du pire comme du meilleur : 75% de ses matches sont bons voire très bons mais ils sont aussi capables du pire comme à Saumur. Depuis, ils se sont bien remis et ont fourni un beau jeu à Saint-Lô. C’est l’apanage des jeunes équipes qui brillent et flambent quand tout leur réussit mais peuvent tout autant prendre complètement l’eau quand cela devient difficile".
Raphaël enchaîne : "Mash pointe à la quatrième place mais devrait être en tête ou tout près !". Le sélectionneur me rappelle alors le problème technique ("pas un problème d’arbitrage ou un problème de table de marque, un problème qui peut arriver") en toute fin de match à Saumur qui a probablement privé l’équipe de Jean-Michel Pignal d’une victoire contre les Girondins.
Le coach continue à faire la revue de classement, évoquant ensuite une équipe d’Angers qui "s’est renforcée avec l’arrivée des Belges" et les Roses de Coutainville : "Le début de saison est un peu décevant pour Agon qui n’est pas à la place où on l’aurait attendu au vu de ses performances les saisons précédentes."
Le coach se fait moins disert sur les quatre dernières équipes au classement (Rouen, Aramon Grans, Ouest Lyon et Bellegarde), soulignant leur manque de régularité et leur capacité à alterner de bonnes et moins bonnes choses.
Je sais que le sélectionneur ne donnera pas ce soir les noms de sa la longue liste de cavaliers qu’il appellera pour le stage à Lamotte fin mars mais j’essaie tout de même d’avoir quelques informations. "Nous allons appeler entre 12 et 14 joueurs mais avec l’arrêt l’été dernier de trois joueurs cadres du groupe France, nous savons déjà que nous n’aurons plus autant de joueurs performants et polyvalents dans tous les domaines, capables de prendre leur place en touche, d’alterner en défense en postes haut et bas. Il va falloir faire un mix entre des joueurs cadres polyvalents ayant une expérience en bleu et des cavaliers moins expérimentés, forts dans certains domaines mais pas dans tous… Il pourrait y avoir un coup de jeune même si le Groupe France a déjà intégré de jeunes joueurs ces dernières saisons comme Clément Haby, Antoine Cocoynacq et Tom Dupau…".
Le soir tombe maintenant sur la Provence, j’oriente la conversation vers les Ladies pour que Raphaël Dubois dresse un bilan de la première partie du championnat PEF. "Si Meurchin a perdu des joueuses à l’intersaison, les filles cadres sont restées avec une ossature forte de trois joueuses et l’arrivée de jeunes issues du club : partageant une même culture, connaissant la maison, ces recrues se sont facilement intégrées en s’appuyant sur des cavalières comme Margaux Bouchery, Valentine Descamps et Valérie Antheunis qui tiennent la touche et la défense. Faire intégrer un 4 ou un 5 par des filles issues du club, c’est probablement plus simple que ce que font les cavalières d’OGC qui manquent de temps pour travailler ensemble… Chambly était très très performant en début de saison à Rosières et au Salon, cela reste très solide. Quant à Coutainville, on pensait que l’équipe allait dominer assez facilement le championnat et ce n’est pas le cas : on s’est tous trompés sur le niveau de l’équipe d’Agon jusqu’à maintenant… Cependant, Coutainville pourrait être comme le PSG cette saison, un peu dur à se mettre en route mais redoutable ensuite : il faudra voir si les filles d’Agon réagissent avec trois points de retard sur Meurchin, mais cela commence à faire beaucoup...".
Le sélectionneur continue sa revue d’effectif : "Nancy est certes une équipe promue mais c’est une formation qui a de l’expérience en PEF et a une cohésion entre ses joueuses : Nancy, ce n’est pas une illusion, ses cavalières sont bien là ! Vieuxchamps est une équipe un peu atypique avec Eve Segear, un élément très important qui arrive à faire jouer et à tirer vers le haut son équipe. Eve est de plus très performante individuellement et peut énerver beaucoup de gens sur et autour des terrains. C’est une équipe qui va poser pas mal de problèmes car Eve est très difficile à contrer individuellement…".
Raphaël Dubois enchaîne : "OGC, c’est une équipe de copines qui ne s’entrainent pas forcément ensemble et qui ont des résultats irréguliers. Le risque de ce type de formation est d’être voué à disparaitre dans le futur car quand les résultats ne suivent pas, on perd vite la motivation…". Puis le coach aborde le cas de Montpellier : "Les dernières saisons, quand ses cavalières et leurs montures évitaient les blessures, l’équipe occupait la première partie du classement : cette saison, les filles semblent douter et ont perdu leur confiance entre elles mais je ne pense pas qu’elles soient à leur place. Cela arrive à toutes les équipes d’avoir des coups de mou, même avec de bonnes joueuses : j’ai l’impression qu’il leur est difficile de remettre la machine en route. Enfin, Blanquefort fonctionne assez bien même si ses joueuses occupent la dernière place actuellement : elles auraient pu obtenir mieux sur certains matches. C’est une formation intéressante, structurée avec des joueuses qui ont certes du mal à marquer des points mais qui réussissent plutôt leur première saison dans l’élite. On devine une équipe qui vit bien et qui saura rebondir en pro dans un circuit fermé si elle était reléguée en fin de saison pour essayer ensuite de remonter rapidement en élite."
Là encore, le sélectionneur n’a pas prévu de révéler des noms mais apporte quelques éclairages : "Pour l’équipe de France Ladies, le besoin de renouvellement est moins fort que pour les garçons car les filles qui sont passées en équipe de France depuis trois à quatre ans ont globalement moins de trente ans. Ces dernières saisons, j’ai de plus fait tourner pas mal de filles dans le groupe France. Il est possible que j’appelle des filles issues toutes les équipes. : il y aura certainement plus de filles retenues en 2017 pour le stage que les neuf que j’avais appelées l’an dernier".
Mais le Groupe France, ce ne sont pas que ses deux formations séniors. Fin août 2016, Raphaël Dubois m’avait confié l’importance de l’équipe de France U21 pour faire le lien entre les jeunes cadets et les équipes Ladies et Pro Elite : "Le format du Grand Tournoi n’est pas encore figé car on ne sait pas encore combien d’équipes étrangères y participeront. Compte tenu de cette incertitude, nous allons appeler deux groupes pour le stage à Lamotte, soit une petite quinzaine de joueurs pour pouvoir composer deux formations à Lamotte en juin". S’il est possible que certains cavaliers de moins de vingt-et-un ans intègrent le groupe Pro, Raphaël Dubois reconnait avoir un éventail assez large de joueurs à suivre, en partant des U21 qui évoluent dans les clubs de Pro Elite ("tout en regardant s’ils sont performants et s’ils ont du temps de jeu") jusqu’à l’Amateur Elite sans oublier la Pro "où il y a beaucoup de U21 prometteurs". Le coach rajoute enfin : "J’ai en mémoire tous les gamins qui ont joué en équipe de France cadets et je suis aussi de près ceux qui jouent en qualifs. Par exemple, l’an dernier, j’avais appelé Tristan Daissemin qui avait été l’un des meilleurs au Championnat d’Europe 2015 à Bordeaux. Ces jeunes, on les connait, on continue à les suivre car la philosophie de l’équipe U21, c’est de vraiment faire le lien entre les U16 et la suite afin de ne pas lâcher les gamins".
Je demande alors au sélectionneur si le stage sera ouvert, comme l’an dernier, à des cavalières U21 : "L’an dernier, les filles avaient pu s’inscrire, je n’avais pas fait de liste... Mais cette année, nous avons envie de travailler plus avec les Pro et les Ladies en organisant 2 séances et nous ne pourrons pas accueillir des U21 féminines. Mais nous le referons car il ne faut pas reproduire la situation que nous avons pu connaitre avec les garçons et un trou entre les générations : c’est pourquoi nous tiendrons à donner une opportunité aux filles U21 dans le futur."
Enfin, le stage de fin mars accueillera des cadets pour un stage de détection. Raphaël Dubois apporte des précisions : "Par rapport aux deux dernières années, il est probable que l’on fasse un tri dans les dossiers envoyés car nous ne devrions être que quatre membres dans le staff des Bleus et comme je l’ai déjà dit, nous voulons avoir plus de temps pour travailler avec les séniors. En 2015 et 2016, nous avions quatre à cinq groupes de cadets, on tournera probablement à deux ou trois groupes suivant les inscriptions. Nous nous concentrerons en priorité sur les joueurs ayant évolué en 2016 à Lamotte en cadets Elite, cadets 1 et minimes Elite. Ce stage est important pour préparer la sélection U16 car malgré le fait que j’aie déjà vu jouer pas mal de bonnes de cadets en France cette saison, les sessions d’entraînement nous permettront de faire des interclassements. Je suis aussi intéressé par l’apport des regards extérieurs des autres membres du staff."
Raphaël m’explique alors : "Mes priorités pour les cadets, c’est un peu toujours les mêmes que dans les autres catégories : ne pas oublier qu’ils sont des joueurs de ballon mais aussi des cavaliers. La cible est de les retrouver en U21 et nous cherchons de très bons joueurs de ballon qui sont tout autant capables de s’occuper de leur poney, de bien le monter, d’assurer son bien-être en veillant à son état général. Cela fait aussi partie des critères. Nous cherchons des jeunes qui savent travailler leur poney et l’entretenir correctement. Dans le jeu, je m’attache beaucoup à ce que les cavaliers peuvent apporter en défense, en touche, dans les ramassages et pas uniquement en attaque. Parfois, certains cadets pensent qu’il faut d’abord se mettre en avant en marquant des buts mais il ne faut pas se focaliser que sur le but : on ne rate pas forcément son match quand on ne marque pas. Nous regardons tout cela en stage. Mais malgré tout, la compétition reste la compétition et c’est le Grand Tournoi qui sera capital. Un tournoi avec ses surprises et ses déceptions, des cavaliers qui se louperont ou se révèleront, des couples qui pourront avoir une technique en retrait mais se révèleront finalement tellement efficaces sur le terrain…"
La nuit est tombée sur Salon-de-Provence, la discussion pourrait encore durer des heures, le temps finalement d’attendre que le sélectionneur national dévoile après Rosières ce week-end) ses longues listes de cavalières et cavaliers appelés pour le stage de Lamotte les 25 et 26 mars prochain...
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |