Les chroniques d'Olivier - Vendredi 15 décembre 2016
PARIS MASH DEBARQUE EN LEADER A SAUMUR !
Au retour de Mâcon, j’ai voulu échanger avec Jean-Michel Pignal, le coach de Paris Mash qui occupe actuellement la tête du championnat Pro Elite. Cela nous a pris quelques jours, étant tous les deux très pris par nos occupations professionnelles mais début décembre, nous avons trouvé le temps de nous poser un peu pour parler du début de saison réussie de son équipe. Jean-Michel me glisse très vite : "Pour l’équipe et toutes les personnes qui sont derrière nous, les deux premiers week-ends ne sont que du bonheur ! Paris Mash en tête du championnat Pro Elite !? Non, on ne rêve pas... Nous signons tous pour que cela puisse continuer le plus longtemps possible même si nous ne sommes pas naïfs et que nous ne souhaitons pas nous focaliser sur le classement actuel". Le constat prudent d’un homme d’expérience qui savoure sans s’enflammer : "Pour ma part, je suis très fier de ce que mes joueurs ont réussi à faire sur les 4 premiers matches même si nous sommes encore bien loin du jeu que l’on aimerait pouvoir développer".
J’essaie alors de comprendre ce qui fait aujourd’hui la force de l’équipe de Mash : "Nos forces sur les deux premiers week-ends étaient nos faiblesses la saison dernière... Nous avons réussi à être au rendez-vous en défense et sur la ligne de touche, ce qui n’est pas simple en Pro Elite. Nous avons également beaucoup plus d’homogénéité dans notre jeu d’attaque où chaque joueur peut créer le danger dans l’équipe adverse, ce qui me permet de partager plus efficacement les responsabilités dans le jeu. Par ailleurs, notre groupe est également au complet suite à l’arrivée d’Edouard Goisbault dont l’esprit et le style de jeu correspondent parfaitement à l’équipe". Sans oublier, comme le note Jean-Michel, "que les joueurs et leurs chevaux ont une année d’expérience supplémentaire en commun du haut niveau".
Forcément, je me hasarde à demander au coach si ce début de saison l’amène à revoir ses ambitions pour la saison : "Nos ambitions ? Je pense que nous les avons affichées clairement dans un précèdent échange en début de saison... Notre premier objectif était de nous éloigner le plus vite possible de la zone de relégation. Je pense qu’à ce sujet, nous ne sommes pas mal pour l’instant bien qu’il faille rester vigilant : en effet, si précédemment cinq victoires permettaient habituellement de se maintenir, le nouveau système de points avec le bonus défensif peut créer des surprises cette année. Personnellement, mon ambition reste inchangée : je veux des cavaliers qui jouent collectivement pour un maillot et une équipe qui continue à progresser et à jouer sans complexes mais avec un peu plus de constance".
Je reviens sur la victoire acquise à Mâcon le dimanche contre Chambly, vice-champion de France et encore favori pour le podium en essayant de savoir comment ses cavaliers l’ont vécue : "Bien sûr, cette victoire est très agréable et cela a été un moment très sympa à vivre ! Nous n’étions pas sereins avant le match avec deux joueurs blessés dans nos rangs après le match de la veille. Il a donc fallu aller puiser encore plus dans la motivation pour ne pas rentrer sur le terrain avec la peur au ventre. Comme tu dois le savoir, sur mes six joueurs, cinq ont porté pendant de nombreuses années les couleurs de Chambly. Lorsqu’ils ont décidé, il y a 4 ou 5 ans, de repartir en circuit régional pour reconstruire quelque chose de nouveau entre amis, ils ont trouvé à Mash une structure qui les a soutenus et les a aidés à gravir tous les échelons pour arriver, quelques années plus tard, à jouer de nouveau en Pro Elite". Jean-Michel s’interrompt un instant et me confie qu’il a alors une pensée amicale pour tous les joueurs qui ont fait partie de Mash A et qui ont aidé à bâtir ce que Paris Mash est aujourd’hui. Avant d’enchaîner : "L’an passé, nous avions été battus largement par Chambly lors de nos deux confrontations, il était important de changer cette situation et de montrer que l’on pouvait bousculer les mauvaises habitudes et inverser la tendance".
Je continue sur ce match si particulier que j’avais suivi à Mâcon avec d’autres joueurs de Pro Elite depuis les gradins et confie au coach de Paris Mash ce que nous avons alors perçu : une hargne et un fighting spirit peut-être plus marqués que dans d’autres formations. J’aimerais comprendre si c’est une des forces que son équipe cultive mais Jean-Michel me demande aussitôt : "Ah bon tu trouves ? Il faut que tu m’expliques plus en détail ce ressenti et cette image que nous semblons véhiculer...".
Pour expliquer ma perception, je reviens justement sur la fin du match contre Chambly et une phase de jeu où j’ai senti l’équipe de Paris Mash galvanisée et portée par une énergie collective. Jean-Michel comprend alors mes propos et se souvient immédiatement des sentiments et des émotions vécus : "Oui, je vois le moment dont tu parles ! Je pense que l’équipe, en l’espace de moins de 30 secondes, est passée par énormément de sensations opposées : bonheur, frustration, incompréhension, injustice, joie, surmotivation...". Jean-Michel continue en me décrivant l’action et les émotions ressenties : "Nous ne sommes effectivement pas loin de la fin du match : nous avons fait le break (émotions positives), Chambly perd la balle sous notre but (émotions encore plus fortes), Chambly récupère la balle au ramassage (le moral redescend), une P2 est sifflée suite à une faute de Johann (là, les émotions tombent) qui lui vaut un carton jaune (le moral tombe encore plus bas), Chambly loupe sa P2 (le moral remonte en flèche car c’est particulièrement rare avec Jérôme Hadjout), Mash récupère la balle (là, le moral est au top) mais décision de l’arbitre d’aggraver la faute en sifflant une P1 (là, on doit être au fond du gouffre)... Discussion entre les arbitres et balle rendue à Mash (explosion de joie !). Alors oui, lorsque l’on récupère cette balle, compte tenu du scenario qui vient de défiler, nous avons une force collective supplémentaire !". Jean-Michel réfléchit quelques secondes et constate avec un peu de recul : "Je crois que nous essayons simplement de jouer nos matches à fond pour ne pas avoir à le regretter ensuite et qu’aucun d’entre nous ne supporte de perdre. Cela nous aide à nous transcender... Vu l’investissement de chaque joueur (aussi bien en temps que financièrement), il est indispensable que pendant les vingt minutes de match, ils prennent un maximum de plaisir". Avant de conclure : "Et comme tu le sais lorsque tu fais de la compétition, la victoire rime très souvent avec plaisir".
Parfois, en sport, les équipes avec du caractère et des individualités qui se galvanisent dans le jeu et l’enjeu ne sont pas les plus faciles à gérer mais Jean-Michel m’interrompt : "Mon groupe est globalement beaucoup plus facile à gérer que les autres groupes que j’ai pu coacher parce que, même si chaque joueur a son propre caractère, ils ont pour la plupart plus de vingt ans d’amitié et de passions partagées derrière eux. De mon côté, les connaître également depuis qu’ils sont jeunes m’aide énormément. Dans mon coaching, je reste très concentré sur mes joueurs et sur les fondamentaux du Horse-Ball avec des chevaux prêts physiquement, des joueurs prêts techniquement et tactiquement. Ensuite, il faut simplement faire en sorte que chacun se trouve bien pour faire profiter au groupe de ses qualités propres, au bon moment".
J'élargis la discussion en demandant à Jean-Michel ce qu’il retient globalement du début de saison : la bonne entame des Lillois, les Bordelais en embuscade, Chambly et Coutainville qui semblent déjà un petit peu décrochés mais aussi la fin des matches nuls, le bonus défensif, l’arbitrage à trois. Le coach me fait alors remarquer à juste titre que cela fait beaucoup de sujets très différents les uns des autres ! Et commence à balayer les sujets : "Côté sportif, nous ne sommes qu’au tout début de la saison : il ne faut donc pas trop s’emballer. Je pense qu’on y verra plus clair à la fin des matches aller. Je reste confiant sur le fait que les Bordelais finiront champions cette année s’ils arrivent à gérer leur problème de cavalerie. Concernant le bonus défensif, il amène clairement un changement de comportement lors des fins de matches : lors du premier week-end à Rosières, nous n’avons pas bien géré les derniers instants contre Rouen et nous avons laissé prendre un point à notre adversaire par un relâchement trop rapide. La victoire nous suffisait... Lors du second week-end à Mâcon, nous avons été plus attentifs et sommes restés concentrés jusqu’à la fin de nos matches. Quant au système d’arbitrage à trois, j’avais précédemment émis des réserves, principalement au niveau de la sécurité et de la communication avec les joueurs sur le terrain : à Macon, nous avons pu constater que côté sécurité, les arbitres au sol avaient le recul suffisant pour pouvoir éviter les chevaux qui sortent du terrain. Il faut cependant rester vigilant car tous les arbitres à terre que j’ai pu voir depuis le début de saison ont des années de pratique de la discipline derrière eux et ont les bons réflexes pour éviter un cheval qui viendrait éventuellement les percuter. Il n’en est sûrement pas de même lors des journées régionales. Il restera à s’assurer, lors de situations tendues qu’évidemment je ne souhaite pas, que l’éloignement avec les joueurs ne soit pas pénalisant au niveau de la communication".
Notre échange touche à sa fin et j’invite Jean-Michel à se tourner vers le week-end de Saumur qui approche avec les oppositions contre Aramon / Grans (dans un match qui pourrait être plus compliqué que le classement actuel ne le laisse penser) puis contre les Bordelais. Le coach me confie : "Nous sommes à la fois pressés de pouvoir nous confronter à ces deux formations mais compte tenu de nos blessés, nous ne pouvons actuellement pas dire que nous soyons en mesure de tout faire pour préparer au mieux ces rencontres. Nous patientons donc et essaierons d’être présents le jour J. Une chose est sûre, c’est que ce troisième week-end sera, pour chacun d’entre nous, une nouvelle expérience et il faudra l’aborder avec le recul suffisant pour ne tomber, ni dans le stress, ni dans la surexcitation liés à notre classement actuel. L’équipe d’Aramon/Grans a tout ce qu’il faut pour figurer dans le haut de tableau mais malheureusement, pour des petits détails, elle se retrouve souvent proche de la relégation en fin de saison. C’est une équipe que nous connaissons bien (non Joselito et Ladislas, je ne pense pas à vous...) et contre qui nous aimons jouer. Nous restons sur une victoire et un nul lors de la saison dernière : nous essaierons donc de ne pas les laisser revenir à égalité sur l’ensemble de nos trois dernières confrontations ! Quant à l’équipe de Bordeaux, c’est le must avec une très forte expérience : lorsque les joueurs Girondins ont la main chaude, ils arrivent à faire ce que beaucoup leur envient. Il faut juste leur souhaiter d’être maladroits le dimanche à Saumur pour que l’on puisse se partager les ballons". Jean-Michel s’arrête un instant et me glisse ce qui sera le mot de la fin et surtout un souhait qu’il adresse aux Bordelais : "J’aurais envie de leur dire de se lâcher car ils sont les plus doués pour faire en sorte que notre sport reste spectaculaire !".
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |