Les chroniques d'Olivier - Jeudi 25 août 2016
RAPHAEL DUBOIS : ON DEVAIT GAGNER ET ON A GAGNE !
C’est dans son centre équestre des Elfes, à quelques kilomètres de Salon de Provence, que je suis allé retrouver Raphaël Dubois. Par un après-midi de fin d’août où le soleil du sud brille trop fort pour sortir les chevaux et poneys : les enfants jouent donc à l’ombre, rient et s’arrosent sous les regards bienveillants de la famille Dubois. Après une semaine intense à Ponte de Lima sur le toit du monde, le sélectionneur Français a tout de suite repris le travail sur ses terres en relançant les entrainements le matin même de ses jeunes joueurs : cadets, benjamins, poussins ont retouché la balle. Que ce soit avec les Bleus ou avec ses équipes des Elfes, Raphaël Dubois est animé par la même passion pour son sport, le même goût du travail bien fait, l’envie de faire progresser son groupe pour atteindre les objectifs fixés et par cette forme de discrétion et de retenue qui le caractérise ; l’homme est réputé peu bavard et se tient loin des réseaux sociaux : cela rend encore plus précieux ses propos et son regard quand il les partage comme cet après-midi de Provence...
L’occasion tout d’abord de revenir sur cette Coupe du Monde où les trois équipes tricolores ont été sacrées : "On devait gagner et on a gagné ! De toute façon, nous n’avions pas d’autre choix". Raphaël Dubois évoque alors les médailles d’argent des handballeurs et de Florent Manaudou aux JO de Rio et le sentiment d’échec perçu par les supporters quand on ne décroche pas le titre attendu. Car "nous, les Bleus, nous étions favoris. Notamment en Pro Elite et chez les filles. Mais au fond, si cela peut paraitre facile, c’est parce que nous nous le sommes rendu facile avec des joueurs rigoureux, présents, sérieux et engagés". Une sérénité qu’on entend encore mieux quand le sélectionneur revient sur le parcours des Pro Elite : "A Bordeaux en 2015, nous avions été surpris par les Portugais en demi-finale et cela avait été compliqué. Là, nous n’avons jamais été pris par surprise ! Parfois, des matches peuvent se jouer à peu de choses : il suffit que tu ne démarres pas bien, que l’adversaire devienne euphorique, que les arbitres prennent des décisions compliquées en ta défaveur et les différences de niveau s’effacent rapidement. Evidemment, cela n’arriverait pas sur un match de deux heures car les forces se rétabliraient mais sur vingt minutes seulement, tout peut arriver. A aucun moment, je n’ai trouvé les joueurs fébriles et n’ai ressenti d’inquiétude à mon niveau".
Même pour les U16 contre l’Espagne le mardi dans ce qui avait tout d’une finale ? Notamment quand les Bleuets ont laissé revenir leurs adversaires en deuxième mi-temps en ne parvenant pas à marquer le sixième but tant attendu pour confirmer le break... "La rivalité Franco-Espagnole est toujours forte, à tous les niveaux. Nous avons déjà perdu contre cette nation en U16 et les cadets tricolores n’étaient pas favoris. Encore plus certainement après le tournoi de Saint Georges d’Orques où nous battons, à la mort subite, une équipe Catalane a priori moins forte que la sélection Espagnole. Mais sur ce match à Ponte de Lima, nos joueurs ont toujours été devant et sont restés sérieux : pourtant, ils se sont fait secouer par les Espagnols qui ont été sanctionnés à plusieurs reprises par l’arbitre. Mon travail a surtout consisté en deuxième période à les rassurer car c’était compliqué : ils étaient inquiets de ne pas parvenir à marquer ce sixième but. Au final, je crois que nos cadets ont bien joué ensemble : ils ont tous été solidaires ".
Revenons sur la finale de Pro Elite, l’autre grande confrontation entre l’Espagne et la France de la Coupe du Monde (en Ladies, les Bleues n’ont pas croisé la route des Espagnoles qui finissent seulement quatrièmes de l’épreuve). "Cette finale n’a pas été un beau match", glisse Raphaël Dubois. "Il y a eu trop d’engagement physique des deux côtés et beaucoup de fautes sifflées". Le sélectionneur avoue aussi avoir été surpris par les schémas de jeu retenus par Jordi Serra : "le jeu de nos adversaires a été atypique : ils ont joué un peu comme au basket avec du monde dans la raquette. Ils démarraient dans la deuxième partie du terrain. Je ne sais pas pourquoi ils ont joué ainsi mais nous étions bien en place face à eux : ce que je sais, c’est que le jeu arrêté et le jeu en tournant sont ceux pour lesquels il est le plus difficile de défendre". Une finale très engagée, trop engagée qui sentait la poudre et aurait pu exploser à chaque instant : "Cela aurait pu arriver si l’écart entre les deux équipes avaient été d’un but ou moins pendant de longues minutes mais nous avions suffisamment d’avance pour ne pas craquer. Pour que cela explose, il faut que les deux équipes soient sous pression".
Pour avoir vécu un peu dans l’intimité des Bleus lors des avant-matches, je réalise combien l’expérience des cavaliers aura été capitale pour bien aborder l’événement. Les huit joueurs de Luc Laguerre étaient vraiment concentrés et engagés à plus de 100% durant les phases finales de l’épreuve : "Cela fait deux ans que les garçons sont dans cette dynamique. Les JEM en Normandie ont marqué un virage car nous n’avions pas été assez rigoureux et sérieux. L’équipe de France, ce n’est pas quinze jours de vacances : c’était peut-être vrai il y a quinze ans car on jouait facile mais ce n’est plus le cas. Si on veut être à 100% sur le terrain, il y a des choix à faire. Sinon, tu le paies sportivement mais aussi et surtout au niveau de la sécurité".
Raphaël Dubois ouvre alors une petite parenthèse : "Même si l’arbitre a pu sembler parfois être à la limite de se faire dépasser durant cette finale, je note globalement un arbitrage meilleur que les autres années. Je constate que les sanctions sont moins sévères avec moins de cartons donnés que dans le Championnat de France".
Et les Ladies ? "On a probablement plus de marge face aux autres nations même si elles ont fait des progrès importants depuis ces trois dernières années. Nous aussi. Nous avons pu nous appuyer sur huit cavalières toutes au haut niveau, ce qui n’est pas le cas de certains adversaires. Cela a aussi permis de gérer la cavalerie au meilleur état de forme". Raphaël Dubois émet une seule critique sur ce groupe de cavalières : "Les filles rencontrent encore des difficultés à faire en équipe de France ce qu’elles font en club. C’est d’ailleurs vrai au global des trois équipes".
Si ce constat est moins marqué chez les Pro Elite où Luc Laguerre a régulièrement pu s’appuyer sur les trois Bordelais Romain, Jean-Baptiste et Benjamin Depons, il est en effet avéré pour les cadets : "Comme les filles, les U16 peuvent perdre leur spontanéité de jeu en arrivant en équipe de France. Au début, certains me vouvoient et c’est à moi de les mettre à l’aise. Le tournoi de Saint Georges d’Orques a aidé à faire sauter certains verrous et libérer les joueurs : quand ils sont arrivés au Portugal, ce n’était plus le grand saut dans l’inconnu. De plus, nous avions passé une semaine tous ensemble à la maison avant le tournoi, cela campait, cela discutait : cela a aidé nos cadets à se créer un groupe ! Ensuite, certains s’intègrent et se libèrent plus vite que d’autres, cela dépend des caractères et des habitudes familiales".
La plus grosse critique du sélectionneur sur la Coupe du Monde porte sur le système sportif mis en place. En Pro Elite, la course pour finir meilleur second derrière les trois premiers de chaque groupe a conduit des équipes comme l’Italie et la Belgique à faire la course au goal average et à ne laisser aucune chance aux nations les plus faibles. Idem en Ladies où c’est aussi la différence de buts qui a permis de départager la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et le Belgique, finalement écartée du carré final : "Ce système sportif est dommage. Il ne rend pas service aux petites nations et on a fait passer à la trappe les cavalières Belges, pourtant invaincues ! Pour moi, cela n’avait aucun intérêt ! De même pour les cadets, on aurait pu faire autrement et éviter, avec un système de tête de série, d’avoir nos deux matches les plus importants en début de tournoi et le dernier, alors que nous allions être sacrés, sur le deuxième terrain. Nous, les Français, ne sommes pas toujours entendus quand nous émettons des réserves…".
Raphaël Dubois s’arrête quelques secondes et rajoute : "Même si le format et le tirage au sort du championnat U16 nous ont finalement été favorables. Avec la fatigue de la semaine, une finale le samedi contre l’Espagne aurait pu avoir un visage différent. Après avoir pris connaissance du calendrier des matches de la semaine, j’avais averti le groupe des cadets durant le premier briefing après la première visite vétérinaire que je ne changerais peut-être qu’un joueur voire aucun entre le lundi et le mardi. C’est forcément un peu dur à annoncer mais c’était ce qu’il me semblait le mieux pour la compétition".
L’entretien avançant, il me semble important d’échanger sur l’avenir de nos Bleus, de l’après Coupe du Monde ?
"Pour les filles, peu de changements en vue. Nous avons un réservoir un peu plus important et plus avancé que nos adversaires. Je peux compter sur les 8 filles titrées ainsi que trois ou quatre autres que j’aurais pu appeler. Il faut entretenir ce que nous avons et continuer à travailler pour garder l’avance et ce, malgré les progrès faits par nos adversaires ces trois dernières années. C’est aussi sur la rigueur et le sérieux dans les périodes hors-match qu’il faut que ces filles progressent. On sent que certaines ont parfois l’envie de faire la fête et qu’elles n’arrivent pas toutes à s’aligner, se programmer sur une rigueur et une discipline collectives. Contrairement à ce que les Pro Elite ont réussi à faire, écart qui s’explique probablement en partie par la différence d’âge entre les deux formations : les filles sont globalement encore très jeunes".
L’avenir semble plus incertain pour les Pro Elite avec les retraites annoncées de Florian Moschkowitz, Mikel le Gall et Benoît Lévêque : "Trois joueurs arrêtent mais je pense qu’on a de quoi trouver la relève". Le sélectionneur compte pour cela sur le reste des cavaliers titrés au Portugal : "Il y a les trois Depons qui forment une ossature forte ainsi que Clément Haby et Tom Dupau qui sont des jeunes joueurs qui comptent déjà et compteront encore". A cet instant, je demande au sélectionneur s’il a eu vent de la rumeur qui a circulé à Ponte de Lima : Jean-Baptiste Depons souhaiterait arrêter sa carrière internationale. "La décision lui appartient mais je ne suis au courant de rien".
Et pour compléter ce cinq de base ? "Lors du tournoi préparatoire à Chambly, le seul cavalier de l’équipe de France B à avoir tenu son rang a été Ellington Barnes : il a fait ce qu’on attendait de lui. Antoine Cocoynacq a eu une saison compliquée et me semble en plein doute mais devrait pouvoir revenir : il faudra suivre ce qu’il donne en changeant de cheval. Hugo Soubes, quant à lui, a été en difficulté car ils n’avaient pas les gens qui fabriquent le jeu autour de lui comme à Bordeaux : avec une ossature Girondine en équipe de France, cela pourrait peut-être fonctionner mais sans elle, il a été en retrait. Quant à Johann Pignal, pour finir le bilan de Chambly, il n’a pas apporté ce qu’on attend de lui. Sur le terrain et en dehors". Le sélectionneur n’en dira pas beaucoup plus mais on comprend que le joueur de Mash ne fait pas partie de ses futurs plans quand il conclut : "Entre les trois Depons et des cavaliers comme Clément Haby, Ellington Barnes, Tom Dupau et Antoine Cocoynacq, s’il revient à son meilleur niveau, je suis convaincu qu’on va réussir à faire le lien entre la génération qui s’arrête et une nouvelle".
Une nouvelle génération dans laquelle on retrouvera probablement certains des U16 titrés au Portugal et certains cavaliers U21 qu’on avait vus en mai à Lamotte dans les deux équipes de France : "Il faut continuer ce qu’on a engagé avec les U21 même si on a un retard de deux ans sur cet axe-là par rapport à ce qu’on aurait dû faire", glisse le sélectionneur. On sera impatient de voir sous quelle forme ce travail avec les U21 se mettra en place : tournoi international comme en 2016 à Lamotte ? Championnat U21 dans le cadre du Grand Tournoi ? Gageons que le staff des Bleus y a déjà réfléchi...
La chaleur est toujours aussi étouffante au-dessus des Elfes, les enfants jouent toujours au calme ; l’entrainement des jeunes Horse-Balleurs reprendra le lendemain matin avec toujours la même cible : se fixer des objectifs et s’attacher à suivre la route, individuellement et collectivement, qui permet de les atteindre. Une démarche qui vaut aussi pour nos équipes de France...
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |
Publié par jacquard le 08-09-2016 15:49
Ce que je voulais dire c'est surtout qu'il y aura toujours des gens pas d'accord, aucune unanimite!
Publié par rectificatif le 07-09-2016 12:58
@pasdaccord Pour etre exact les moins de 16 ans ont perdu deux fois de suite sous l'ere de F.R en 2008 a Ponte de Lima et l'annee suivante a St Georges d'Orques. Peut etre un pb de cavalerie...
Publié par pasdaccord le 07-09-2016 12:35
@jacquard il faut arreter avec Franck Reynes, il a perdu de memoire uniquement un championnat d'Europe -16 et il a eu un gros probleme de cavalerie ! Merci de ne pas juger un homme qui a quand meme apporte a l'EDF sur un fait de championnat qui ne lui est absolument pas imputable. Dans ce cas on peut critiquer RDubois car l'equipe de France B a perdu lors du tournois de chambly ou de faire des elections de copinage.
Publié par jacquard le 05-09-2016 17:53
@jojo pas de bol mash n'etait pas present en EDF
@duboisestnul : je suis d'accord avec toi pour dire que l'article est en prise d'interet mais ce n'est qu'un avis meme si il est parti pris! De la a dire que RD est nul etc faut pas non plus deconner. Il demontre avec son ecurie ses capacites de dirigeants, entraineurs et joueurs! Certes ils y auraient des choses a amenager ou a revoir mais faut pas lui cracher dessus comme ca!
On disait pareil de Christophe Desormeaux et quand cela a ete Franck Reynes ca a ete une autre musique donc bon...
Publié par jojotresbo le 03-09-2016 19:57
pk mash est pas sur le podium???
Publié par duboisestnul le 02-09-2016 13:20
Oui tres bon article qui fait de Dubois un mec pro, competent et consciencieux alors qu'en realite ce n'est pas du tout le cas. Les joueurs et les joueuses sont bons et c'est uniquement pour ca que la France gagne. Avec un entraineur sur le bord du terrain ou pas, le resultat serait le meme.
Publié par ILOVEJOJO le 29-08-2016 11:44
En definitive, Jojo, c'est un peu notre HATEM BEN ARFA en moins beau... Un artiste qui sera reconnu posthume !
Publié par Plume le 26-08-2016 10:03
Tres bel article comme d'habitude!
Un beau match, il y en a eu un, en pro-elite, contre l'Espagne.
Du spectacle, il y en a eu, en deuxieme mi-temps contre le Canada.
Cela ne doit pas etre facile de realiser des selections avec tous les beaux joueurs que nous avons.
Je fais partie de ceux qui regrettent que Johan n'ait pas ete present a Ponte de Lima.
Et j'espere que notre selectionneur saura oublier un faux pas ephemere pour le reintegrer dans ses plans d'avenir. Pour la magie de son jeu... Ce serait vraiment dommage de s'en priver.
Publié par matsud le 26-08-2016 07:11
Genie
tu serais venu au portugal, t'aurais vu du beau jeu !
si ces joueurs la ont un jeu plat ... on peut t'annoncer malheureusement que tu comprends pas grand chose a notre sport ...
si tu es ' decu ' c'est dommage mais sous l'ere Soubes ou desormeaux, les autres equipes n'etaient pas aussi equipees. Aujourd'hui, si tu lis bien ce qui est ecrit sur cet article, on joue contre plus fort. Donc le freestyle c'est contre le mexique ou le canada. sinon, tu feras partie de ce qui critiquerons notre selectionneur et entraineur en cas de defaite.
bonne journee la bize ah
Publié par Genie le 25-08-2016 22:11
Il est vrai que l'EDF gagne encore et encore... Mais quel jeu plat ! Ca manque de pep's, de genie, de gestes qui font rever les jeunes ! Ou sont les genies ?! Pour ne pas avoir vu beaucoup de matchs internationaux recemment et avoir suivi de plus pres ceux de l'ere Soubes voire Desormeaux... Decu decu. En plus RD n'a meme pas evoque son avenir, ce qui veut dire qu'on n'a pas fini avec lui !!!
Bravo aux joueurs pour leurs titres !
Publié par surdoue le 25-08-2016 18:29
C est bien vrai que les surdoues ou virtuoses ne sont pas compris... J.P, J.H, G.L, E.S... on veut du reve, du niveau ! les filles sont jeunes mais ne R.D ne prend pas les anciennes qui sont au moins aussi fortes et ne prends pas non plus des genies du ballon comme Johan ou Jerome... dommage l EDF me ferait rever !
Publié par supporter le 25-08-2016 18:07
Un tres bel article !
Publié par JOJOFOREVER le 25-08-2016 16:30
Bravo aux 3 equipes de France qui Ont fait rever! Pas: Johan Pignal for Ever!!! Les virtuoses et autres surdoues sont toujours des incompris.. Cet extra-terrestre du ballon reviendra encore plus fort !