Les chroniques d'Olivier - Vendredi 05 août 2016
WORLD CUP (Ponte de Lima) : LUC LAGUERRE (France)
Pour cette neuvième étape de mon voyage en ballon (… de HB) autour du Monde avant de rejoindre Ponte de Lima, retour en France pour un échange avec Luc Laguerre qui coachera l’équipe de France Pro Elite. Allez les Bleus !
On l’avait laissé à Jardy heureux et satisfait du travail bien fait ce week-end là par son équipe d’Arles HCC. Un bonheur simple et le sentiment du devoir accompli comme celui de l’artisan qui a terminé son ouvrage exactement comme il le voulait ; Luc Laguerre, au soir de la victoire de son équipe contre Bordeaux qui allait tout de même conquérir le titre le lendemain, m’avait juste glissé cette phrase prononcée à l’origine à propos de l’équipe de France de rugby il y a fort longtemps : "Les grandes équipes ne meurent jamais"…
D’une grande équipe de club à une grande équipe nationale, il n’y a eu qu’un pas à faire pour retrouver Luc Laguerre courant juillet et parler avec lui de la préparation de l’équipe de France Pro Elite qu’il dirigera à Ponte de Lima.
L’occasion tout d’abord de revenir sur le tournoi préparatoire de Chambly où les Ladies et les Pro Elite Français ont entamé début juillet leur campagne internationale. "Avant tout, ce fut une découverte : je n'étais jamais allé à Chambly. C'est sous un soleil radieux que j'ai pu apprécier la qualité des installations et l'accueil chaleureux que nous ont réservé Laurent, Alice et toute leur équipe". L’occasion pour l’encadrement des Bleus de faire une revue d’effectif et de forme des cavaliers et de leurs montures : "La priorité dans ce genre de rendez-vous, c'est de jauger l'état de forme physique des couples. Nous avons dû gérer l’absence de Chef de File, le cheval de Romain Depons (abcès à un antérieur, rien de grave mais arrêté une semaine). Nous avons soigneusement observé les performances de Benjamin Depons qui a dû changer de monture 48 heures avant le stage. Nous étions également préoccupés par la faculté de Florian Moschkowitz à "digérer" sa chute de Jardy et bien évidemment, nous voulions observer les petits nouveaux ! Nous avions donc de quoi nous occuper...". Une mise en situation et un état des lieux réussis compte tenu des matches que les Bleus ont dû livrer : "Nous avons eu de belles oppositions qui ont obligé les joueurs à se remettre rapidement dans le bain. Pas de grosses surprises mais des confirmations avec des garçons très appliqués et très motivés".
La préparation continue pour les Bleus avec des sessions de travail prévues en Gironde comme l’explique Luc Laguerre : "Notre prochaine échéance est le rendez-vous à Blanquefort pour deux jours d'entrainement avant le départ pour le Portugal". Entre temps, chaque cavalier a peaufiné sa préparation individuellement : "Les joueurs continuent de préparer leurs chevaux. Ils n'auront pas eu de grosse coupure, ils sont sur de l'entretien. La période la plus longue sans compétition était plutôt avant Jardy. Les garçons ont pour consigne de nous contacter en cas de soucis mais sinon, ils savent faire !". Quand on demande au coach si une Coupe du Monde se prépare différemment, sa réponse est claire : "La préparation n'est pas tellement différente de celle de la saison régulière dans son ensemble, excepté le problème de la chaleur. Il faut, de manière raisonnable, mettre les chevaux à l'effort quand la température est assez élevée. C’est déjà ce qu’on a fait à Chambly...".
Et le projet de jeu ? "Le message est souvent le même quel que soit le niveau : ce qui va changer, c'est le niveau d'exigence que l'on peut avoir en termes de performance individuelle. En Equipe de France, on travaille sur un cadre assez large qui laisse la possibilité aux joueurs de s'exprimer mais avec l'obligation de réussir tous les gestes, de faire les bons choix. On essaie de supprimer le déchet et cela, c’est un vaste programme...". Une responsabilisation et une liberté qui font penser à celles que prône Claude Onesta, le coach de l’équipe de France de handball aux si nombreux succès : "Le projet appartient aux joueurs. Ce sont eux qui font la réussite ou l’échec. L’entraîneur n’est qu’un guide mais je reste convaincu qu’en responsabilisant les acteurs principaux, on se donne les moyens de gagner".
De bon augure ? Probablement car ces principes de jeu (exigence élevée, autonomie, efficacité) seront capitaux pour que les Bleus conservent leur titre face à de redoutables rivaux. Luc Laguerre évoque alors plus particulièrement deux formations : "Les deux nations les plus dangereuses, je pense, seront l'Espagne et le Portugal. La première parce qu’elle peut aligner une équipe qui jouerait le podium en Pro Elite et la seconde car elle nous a posé des problèmes l'an dernier à Bordeaux et qui va se transcender devant son public. De toute façon, nous jouerons toutes les équipes avec la même détermination, nous avons un statut de favori à assumer !". En échangeant avec le coach, on devine combien il est "partagé entre l'envie d'en découdre avec les meilleurs" (les nations Européennes) et celle de découvrir les nations plus "exotiques", notamment celles du continent Américain, du nord au sud...
Puisque Luc vient de citer les Portugais, je lui demande s’il pense que le titre de Champions d’Europe de foot remporté récemment par les Lusitaniens au dépens des Français pourrait éventuellement influencer le sort d’une éventuelle rencontre Portugal vs France à Ponte de Lima : "Non, franchement, je ne pense pas que cela puisse avoir une incidence. Le foot est LE sport numéro 1 avec toutes les conséquences économiques, médiatiques, sociétales que l'on connait. Nous, nous sommes à des années lumières de cela...".
A l’instar d’autres sports collectifs où des outils très puissants se sont développés et sont utilisés pour décortiquer à l’avance le jeu, les forces et faiblesses des adversaires, je me hasarde à demander si le staff de l’équipe de France utilise la vidéo pour préparer l’épreuve. Notamment pour rencontrer les formations non-Européennes. Luc nous confie alors : "Pour le moment, nous n'utilisons pas ou peu la vidéo et quand nous le faisons, c'est plus pour essayer de corriger nos propres erreurs que pour étudier le jeu adverse... Pour la bonne et simple raison que nous n’avons pas les images qui nous permettraient de travailler ! Nous allons donc découvrir Australiens, Brésiliens, Mexicains en même temps que le public...".
Le coach venant d’évoquer le public, je l’interroge sur le rôle que pourront tenir selon lui les supporters Français qui seront présents au Portugal : "J'ai le sentiment qu'il devrait y avoir une forte colonie française, ce qui était déjà le cas en 2008. Je crois que c'est le moment de laisser de côté les petites guéguerres de clochers et de partager un vrai moment de fête ! Montrons à ceux qui en doutent que la nation du Horse-Ball, c'est la France, sur le terrain, dans les tribunes et pendant la troisième mi-temps !". Tout en rajoutant aussitôt un message pour ses joueurs : "Les joueurs n’intègrent cette troisième mi-temps qu’avec une immense modération !".
Cohésion et solidarité entre les joueurs sur le terrain, cohésion et solidarité entre tous les supporters des Bleus. Et cohésion et solidarité entre les membres du staff comme le confirme Luc Laguerre quand il évoque son travail avec le sélectionneur, Raphaël Dubois : "Ma relation avec Raphaël est très bonne et ce depuis le début des années 90... Son role pour le horse ball français est presque exclusivement la gestion des équipes de France de horse ball en relation directe avec la Direction Technique Nationale de la Fédération et donc, celui qui oriente et décide de manière officielle. Comme je suis plus bavard que lui, il me pose très peu de questions vu que je lui ai donné mes réponses en amont…". Avant de redevenir plus sérieux : "Nous échangeons beaucoup, notamment dans les périodes qui précèdent l'annonce des sélections. Raphaël se fait régulièrement brocarder sur notre site internet préféré, ce qui me fait beaucoup rire, mais je suis totalement solidaire de ses choix dans la mesure où les miens sont identiques et vice et versa... Nous fonctionnons déjà en collaboration en club et nos groupes familles sont très proches, la communication est donc facile".
Finalement, à l’heure de quitter le coach, on retient de la discussion la perception et le souhait d’un groupe France (allant des joueurs et le staff jusqu’aux supporters) ambitieux, déterminé à assumer son rang de nation leader du Horse-Ball, soudé et solidaire pour mettre en œuvre un projet de jeu clair basé sur l’autonomie, la responsabilisation et la quête du déchet zéro dans le jeu... "vaste programme" comme le dit Luc mais tous ces Bleus en sont forcément capables !
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |