Les chroniques d'Olivier - Mardi 12 avril 2016
REFLEXION SUR LA RELEGUATION
L’idée de cette chronique et d’une réflexion sur la relégation, "ou celle dont on ne doit pas prononcer le nom" comme dit Amandine Bourdon, la joueuse de Pro Elite Féminine de Rouen / Roumois en souriant façon Harry Potter, m’est venue en lisant récemment une interview du rugbyman Pascal Papé. L’ancien international et champion de France en 2015 y déplorait que la formule du Top 14 avec deux relégués par saison nuisait à la qualité des matches, "l’enjeu tuant le jeu"...
Je suis alors allé demander à des joueuses, joueurs et coaches de Pro Elite s’ils pensaient que le format de nos championnats fermés avec deux relégués par saison était le meilleur qui puisse exister.
Si Benoît Laversin, le capitaine de Lille HEM et Julie Picard de Auxerre / VieuxChamps ont reconnu qu’ils ne s’étaient jusque-là jamais posé la question, Julie a aussi noté qu’elle méritait bien d’être posée. Ce que confirme Baptiste Vignal, l’entraîneur d’Angers : "Il est certain que les matches accrochés sont gérés par les coaches de façon différente si la relégation est en jeu ou si on joue, dirons-nous, plus libérés. Le ratio d'équipes reléguées au foot est de 1/7, c'est le cas au rugby également. Nous, nous sommes à 1/5. Le problème est d'autant plus criant cette année où le maintien devrait se jouer à sept victoires là où il se jouait à cinq les années précédentes".
Amandine Bourdon pour l'équipe de Rouen / Roumois (Pro Elite Féminine)
Alors, par analogie avec le football et le rugby, ne faudrait-il pas appliquer un ratio d’une équipe reléguée sur sept et n’avoir chaque saison qu’une seule formation reléguée dans la catégorie inférieure ? Une idée que pourrait conforter le ressenti d’Amandine Bourdon dont l’équipe se bat pour rester dans l’élite : "Le système de deux relégués peut effectivement sembler inéquitable, surtout en Pro Elite Féminine ! En effet, le championnat est, cette année, tellement serré (seulement 2 points séparent les 4ème des 8èmes !) qu’il peut paraître très injuste de faire redescendre des équipes qui ont pourtant su gagner plus d’un match. Etonnamment, ce système paraît moins injuste en Pro Elite : peut-être parce qu’il s’agit d’un championnat à 10 équipes et non 8 et qu’en faire redescendre 2 sur 10 réduit cette impression".
Mais en discutant, on réalise vite que l’idée de diminuer le nombre de relégués pour améliorer la qualité des matches serait très probablement une fausse bonne idée ! Et ce, pour trois raisons...
Sernin Pitois avec l'équipe de Coutainville Agrial (Pro Elite Féminine)
Sernin Pitois, le coach des roses de Coutainville, nous donne la première : un championnat à une seule équipe reléguée se priverait d’une lutte plus ouverte en bas de tableau. "Le passage à dix équipes a été une bonne chose pour la Pro Elite : maintenant, le bas de tableau peut se battre pour le maintien jusqu’au bout. Ce qui n’était pas le cas à huit où rapidement, l’équipe la plus faible se savait reléguée et perdait toute motivation : sa fin de saison devenait un chemin de croix". Sernin appuie son avis sur un constat fait à l’issue du week-end à Nîmes : "Nancy Lorraine a semble-t-il baissé les armes tandis que la lutte pour éviter la 9ème place est acharnée et va durer jusqu’à Jardy…"
Puisque la formation lorraine est citée, il est intéressant de se tourner vers Maxime Laguerre, son capitaine. Il nous apporte une deuxième raison de ne pas abandonner la formule actuelle, balayant l’idée que l’enjeu puisse tuer systématiquement le jeu. "Je pense que le championnat avec deux relégués sur dix équipes en lice est très bien. Après, je n'aurais pas la prétention de dire que c'est le meilleur système mais il me semble adapté à notre sport. Bien sûr que le spectre de la relégation est présent dans toutes les têtes, du moins dans celles concernées. Après, de là à dire que c'est cela qui dégrade le jeu, je ne pense pas. J'irais même plus loin : cela peut être pour moi une mauvaise excuse car peu importe où l'on se situe dans le classement, il y a toujours un "spectre", un enjeu qui pourrait tuer le jeu : être champion de France, aller en champions league, être sur le podium, être dans la première moitié de tableau, ne pas être relégué... Il est vrai que la "peur" de la relégation peut parfois brider le jeu, le rendre moins qualitatif mais il faut que chaque joueur s'en serve au contraire pour se surpasser, se donner à fond pendant le match, avoir une envie plus importante de gagner. Le spectre de la relégation existe bel et bien mais il faut s'en servir à bon escient... La difficulté est d’y arriver...". Amandine Bourdon partage cette vision et la complète : "Pour ce qui est de la qualité de jeu, je ne trouve pas que l’enjeu de la relégation influe sur la qualité des matches. On assiste au contraire à des rencontres disputées où la moindre erreur se paie cash car bien souvent, la victoire se joue seulement à un ou deux buts. Bien sûr, il y a moins d’actions spectaculaires car moins de prises de risques mais la qualité se reflète alors sur la bonne gestion de la balle et des différentes phases de jeu, ce qui est probablement plus difficile que d’envoyer une pato à 25 mètres !". Benoit Laversin est lui aussi convaincu que l’enjeu peut renforcer et non tuer le jeu : "Le système actuel permet justement de hausser son niveau de jeu et de se remettre constamment en question pour suivre l'évolution du jeu. Toutes les équipes ont envie de gagner dès qu'elles entrent sur le terrain donc pour moi, le système sportif de deux montées et deux descentes est pour le moment le bon".
Le podium du Championnat Amateur Elite Féminin 2015 avec les équipes de Auxerre / VieuxChamps, Rouen / Roumois et Miribel
Julie Picard révèle alors la troisième raison de ne pas réduire le système à une unique relégation : "Je pense qu'en effet, la relégation de deux équipes est un enjeu que l'on a toutes en tête même si l'on s'efforce de prendre les matchs les uns après les autres sans faire de plan sur le classement final. Mais je ne crois pas que ce soit le système qui soit en cause et il me parait difficile de faire autrement. S'il n'y avait qu'un relégué cela signifierait un seul promu, ce qui freinerait encore plus l'accession à cette catégorie difficile à atteindre". C’est une évidence mais rappelons-la : un seul relégué voudrait aussi dire un seul promu par saison, ce que tous nos Horse-Balleurs repoussent... Benoit Laversin nous glisse : "Pour le moment, je pense que c'est un format qui fonctionne bien car il permet aux équipes de progresser assez vite dans les différentes divisions. L’accès au circuit fermé est déjà long avec ce système : si on ne fait monter qu'une équipe, j'ai peur que certains ne se découragent". Une vision complétée par Baptiste Vignal : "notre sport souffre depuis quelques années d'équipes qui se maintiennent dans les circuits fermés sans en avoir le niveau réel suite à des abandons d'équipes. Une équipe de jeunes motivés aurait besoin aujourd’hui de trois ans pour évoluer au plus haut niveau dans le meilleur des cas. Ce qui pousse les jeunes vers les "franchises" déjà en place. Limiter le nombre d'accessions serait encore plus contraignant pour les nouveaux arrivants". Pour Sernin Pitois, une formule à un seul promu tuerait l’enjeu dans la division inférieure : "Faire monter un seul, c’est dur. On aurait un manque d’enjeu en fin de saison pour les équipes de Pro qui se battent dans l’espoir de monter en Pro Elite".
Benoît Laversin pour l'équipe de Lille / HEM (Pro Elite)
Si l’idée de n’avoir plus qu’un seul relégué s’avère finalement une fausse bonne idée, il est bon de continuer à écouter les réflexions de nos cavaliers pour faire progresser le système de relégations et de promotions. Julie Picard nous confie alors : "Pour moi, le vrai enjeu est d'ouvrir une deuxième catégorie fermée en féminine, ce qui a l'air de se dessiner et ce que j'espère car ce serait le seul moyen de ne pas dégoûter les filles qui sont reléguées et, ne souhaitant pas se retrouver en qualifs régionales car le niveau y est vraiment inférieur, bien souvent, arrêtent ou intègrent des équipes déjà formées. Ce serait également le moyen de faire progresser les équipes dont le niveau est intermédiaire comme pour nous et qui avons du mal à nous maintenir en Pro Elite". Un système qui permettrait aux équipes de progresser à l’instar de ce que vivent cette saison les cavalières de Rouen / Roumois qui découvrent l’élite. Comme nous le confie Amandine Bourdon : "Ce qui est sûr, c’est que personne n’a envie de redescendre car c’est un championnat où l’on apprend beaucoup (surtout en tant que promues) et que l’on aimerait pouvoir prendre de l’expérience encore et encore sans être coupées en plein élan par la relégation en fin de saison. Mais c’est la dure loi de la Pro Elite Féminine !". Un système qui pourrait finalement contribuer à un resserrement vers le haut du niveau entre les différentes formations féminines, une opportunité que souligne Sernin Pitois en insistant sur le besoin d’être patient : "Pour les féminines, il faut bien se mettre en tête que la division n’a pas encore dix ans ; qu’en était-il quand la Pro Elite avait aussi dix ans ? C’était exactement comme cela, je le sais, j’y jouais. Il y avait un gouffre entre le haut de tableau et le reste et je ne parle même pas de la PRO... Quinze à vingt ans après, le gouffre est moins large".
Baptiste Vignal, entraîneur de l'équipe d'Angers (Pro Elite)
Une autre piste de progrès pour gérer différemment les relégations et les promotions est partagée par Baptiste Vignal et Sernin Pitois qui en pointent aussi la difficulté. Le coach angevin nous l’explique : "D'un point de vue purement sportif, je pense que le Horse-Ball gagnerait à adopter un système proche du basket avec play-off pour les huit premières équipes (match aller/retour) et play down pour les deux dernières face aux deux premiers de la catégorie inférieure. Mais cela poserait un problème de calendrier…", le coach normand enchaînant : "on aurait en plus un play off en haut de tableau aussi. Un grand week-end où certaines équipes joueraient le maintien en barrages et d’autres le titre de champion de France. Mais le problème des barrages, qui semble une bonne solution, ce sera la logistique : ajouter un week-end ? En juillet ? Et où ?".
Ce système de play-off et l’ajout d’une division en circuit fermé féminin pourraient donc être des solutions intéressantes pour catalyser le jeu et l’enjeu même si nous n’avons pas encore toutes les clés pour les mettre en œuvre. La discussion continue avec nos champions : d’autres idées fusent et je vous en reparlerai dans d’autres chroniques en attendant les vôtres, chères lectrices et chers lecteurs...
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |
Publié par YEEZUS le 15-04-2016 10:56
Ou alors on fait que des matchs amicaux, et des matchs sous contrat comme en boxe...
Publié par hball le 12-04-2016 10:34
Sans le systeme de points actuel il y aurait beaucoup de forfaits au vu des couts de deplacements. C'est une fausse bonne idee. Au moins la les equipes tente de se battre jusqu'au bout.
La question de la relegation se pose surtout la question d'un systeme fixe chaque annee du nombre d'equipes. C'est un systeme arbitraire qui ne tient pas compte du niveau des equipes...peut etre que le nombre de matchs gagnes devrait peser sans gener les promus possible. Mais je sais que cela signifirai une gestion plus complexe.
Publié par leretraite le 12-04-2016 08:46
Le probleme n'est pas le relegation mais le systeme de distribution de point, dans quel sport majeur a t on 1 Point en cas de defaite, sauf erreur il n y a que le horse ball.
Oui on evite de creuser des ecarts importants entre les 1er et les derniers mais sportivement est il logique que des equipes qui perdent 80 % de leurs matchs puissent etre en course pour le maintien grace a ce point de la defaite.
On nivelle le niveau par le bas alors qu'il faudrait le niveler par le haut ( je parle sportivement ), surtout dans un sport ou aucun enjeu financier majeur n'est present (on ne vit pas du horse-ball, cela coute pour 99 % des equipes et joueurs)
Avec ce systeme de point, on favorise plus les defaites que les matchs nuls ou les victoires.
Bien evidemment les equipe de bas de tableau ne vont pas etre de mon avis, le systeme de Play off et Play down semble le plus judicieux si on supprime les matchs aller/retour pour satisfaire tout le monde.