Les chroniques d'Olivier - Lundi 14 mars 2016
LE RÔLE DU COACH : OPTIMISER LA PERFORMANCE COMMUNE !
Dans le cadre de mon activité professionnelle, je codirige actuellement une mission pour développer et renforcer les qualités des 250 managers de la Direction dans laquelle je travaille. Pour ce faire, nous nous inspirons des bonnes (et moins bonnes...) pratiques managériales d’autres entreprises mais aussi d’autres domaines comme le sport et dans ce cadre, j’ai forcément pensé au travail des coaches de Horse Ball...
Mon dernier billet (Le défi JEUNES !) a suscité beaucoup de réactions sur le site ou en messages privés sur la page Facebook de la HB Little Family et plusieurs ont souligné l’importance du coach auprès des jeunes : j’ai reçu des témoignages négatifs de parents m’expliquant que leurs enfants avaient arrêté le Horse Ball à cause d’entraîneurs n’ayant pas le niveau ou n’ayant pas une pédagogie et des valeurs adaptées. Plus globalement dans le sport, la réussite des handballeurs Français est clairement associée au management de Claude Onesta tout comme le naufrage de l’équipe de France de foot à la Coupe du Monde en Afrique du Sud en 2010 restera à jamais la faute de Raymond Domenech... Au fait, savez-vous que la Fédération Française de Football a engagé, suite à ce fiasco, une mission avec des consultants en management travaillant habituellement pour de grandes sociétés ? Cet exemple souligne la similitude entre diriger une équipe sportive et une équipe dans une entreprise...
Consciente du rôle clé des managers sur l’engagement, la motivation et la performance de leurs équipes, l’entité, dans laquelle je travaille, leur demande d’avoir ou de renforcer 8 qualités :
Tire le meilleur de chacun pour obtenir la meilleure performance collective
Porte une vision et des valeurs
Transmet son expérience pour faire progresser
Est exigeant
Fait preuve d’empathie
Est courageux
Est exemplaire
Est juste
Je suis sûr que ces qualités vous parleront forcément et qu’elles vous feront réagir de manière positive ou négative en fonction de vos propres expériences (nous avons tous croisé la route de managers et de coaches qui nous ont donné envie de nous dépasser ou nous ont fait perdre notre motivation...) : une certitude renforcée par des discussions que j’ai récemment eues sur le rôle du coach avec Magalie Denis et Luc Laguerre que je souhaite partager avec vous.
L’entraîneur d’Arles HCC m’a d’abord confié que "le rôle de coach est le même pour toutes les équipes de tous les niveaux. Il est là pour coordonner, organiser, orienter. Il s'agit principalement d'identifier les forces et les faiblesses de chacun de manière à optimiser la performance commune". Ce constat renvoie à la qualité que nous avons désignée par tire le meilleur de chacun pour obtenir la meilleure performance collective. "De toute façon, tu es là pour que chacun puisse donner le meilleur de lui-même au groupe" insiste Luc Laguerre.
Le coach Arlésien enchaîne aussitôt avec une autre qualité du manager : il porte une vision et des valeurs pour son groupe. "Il est important avant quoi que ce soit de déterminer les objectifs du groupe à animer. J'essaie d'utiliser mon expérience et de puiser l'inspiration dans ce que les coaches d'autres sports, comme Claude Onesta ou Guy Noves, proposent. Tout cela afin d'être utile et pas seulement le gars qui partage du temps de jeu ou le père fouettard". Magalie, pour sa part, complète en soulignant l’importance des valeurs : "le rôle du coach, c’est d’assurer la transmission des valeurs de notre beau sport qui sont l'esprit d'équipe, le partage, le respect du cheval ou du poney et le respect des adversaires".
Transmission, le mot est dit ! Et il revient souvent dans les propos de Magalie et Luc, nous renvoyant à l’idée que tout bon manager transmet son expérience pour faire progresser. La cavalière de l’équipe de France glisse à ce sujet : "Pour moi, le rôle du coach est avant tout un rôle de transmission, la transmission de la technique équestre et horse-ballistique ainsi que la transmission des valeurs dont j’ai déjà parlé. Personnellement quand je coache je le vis à 100% (un peu trop des fois) : d'une part, parce que comme tout le monde, je n'aime pas perdre et d’autre part, surtout parce que j'ai énormément envie que mes joueurs se surpassent, progressent et se fassent plaisir. Cette année, je coache des poussins et des benjamins et j'essaie un maximum de leur transmettre ma passion pour le Horse Ball ainsi que ma rage de vaincre et la tonicité dans le jeu. Quand j'étais petite, mes premières coaches étaient des joueuses expérimentées qui jouaient à l'époque en élite féminine (ou son équivalent car je ne pense pas que la catégorie portait ce nom) qui m'ont transmis ce gout pour la compétition. Elles nous disaient tout le temps, avant de rentrer sur un terrain, d'avoir la rage : j'ai gardé cela en grandissant en y ajoutant la technique à cheval grâce à d’autres coaches". Luc Laguerre confirme que l’une des missions du coach est de transmettre l’expérience qu’il a acquise : "Lorsque je suis sur le bord des terrains, j'essaie de me souvenir des besoins qui étaient les miens en termes de conseils, de soutien, de stimulation et de temps de récupération. Et il y a les certitudes que j’ai en matière de connaissances techniques et l'envie et la manière que j’ai de les transmettre...".
La discussion avec Luc nous amène alors sur une autre qualité du coach : un manager exigeant cherche à faire sortir les membres de son équipe de ce que j’appelle leur zone de confort (ce qu’ils font bien voire très bien au quotidien) pour les faire se dépasser sans, pour autant, les mettre dans une situation d’échec car la marche serait trop haute. "Une fois que les objectifs sont déterminés, on peut régler le curseur sur le degré d'exigence à avoir. Si tu joues le titre en Pro Elite avec des joueurs confirmés, tu ne proposes pas les mêmes choses qu'à des débutants ou des vétérans". Magalie, en retraçant son parcours de cavalière, confirme combien des coaches exigeants ont réussi à la faire sortir à plusieurs reprises de cette fameuse zone de confort pour devenir la championne qu’elle est : "Mes années en Espagne au côté de grands joueurs comme Miquel Julia et Gil Carbonès m'ont apporté la vision du jeu et le sens des placements sur le terrain. Enfin, Jonathan Rouvière, notre coach à Montpellier, depuis maintenant 5 ans, m'a apporté le mental, la gestion des matches, la maitrise de moi-même mais aussi une technicité et une rigueur supplémentaire au niveau du travail à cheval et au ballon".
Mais transmettre son expérience et être exigeant pour faire progresser chaque individu au profit du collectif n’est possible que si le manager sait faire preuve d’empathie qui est la faculté de se mettre à la place d’autrui, de se représenter son point de vue et de percevoir ce qu’il ressent. Magalie décrit cela quand elle parle de son propre rôle de coach : "Pour moi, le coach est le 7ème homme sur le terrain car c'est lui qui mentalise et motive ses troupes avant et pendant les matches : il souffre autant que ses joueurs (sans pouvoir intervenir directement dans le jeu) et il exulte tout autant quand ces derniers marquent ou gagnent un match. Je sais aussi que ce n'est pas facile avec les enfants parce que leur temps de concentration est court et que leur coordination n'est pas encore maitrisée mais néanmoins, c'est parfois aussi plus facile parce qu’ils ne se posent pas de questions et sont plus à l'écoute". Luc Laguerre conforte cette vision en nous confiant : "Je pense que dans le coaching, la partie invisible de l'iceberg est l'analyse et surtout l'écoute ! Il faut être capable d'analyser la partie "technique" tout comme la partie "gestion de l'humain". Cet équilibre-là est difficile à trouver et reste toujours fragile. Mettre en place un fond de jeu et une harmonie est très long, la perte de confiance en cas d'échec est, elle, instantanée...".
Evidemment, je pourrais continuer à vous parler des autres qualités du manager mais préfère vous laisser la parole (vous aurez forcément des exemples et des contre-exemples d’entraîneurs courageux, exemplaires et justes...) et rester sur les mots du coach arlésien.
Pourquoi ? Parce qu’ils mettent en lumière toute la magie et la difficulté du rôle de manager : créer un équilibre dans un groupe en tirant le meilleur de chacun tout en ayant conscience que tout peut se dérégler brutalement en cas d’échecs, de difficultés, de changements à mettre en oeuvre. Et c’est probablement encore plus vrai dans le sport où la défaite peut avoir des effets immédiats sur le groupe ! C’est pourquoi, étant conscients de l’importance du manager mais aussi de la fragilité de sa tâche, nous (joueurs, parents de cavaliers, supporters…) devons savoir être tout aussi exigeants que reconnaissants et bienveillants envers nos coaches...
Olivier Leschiera a découvert le horse ball grâce à ses deux filles qui le pratiquent à Montéclin (Ile de France). Grand amateur de sport en général mais non-cavalier, il s'est épris de cette discipline et a à coeur de partager sa passion, soit en commentant régulièrement des matches (il est l'un des speakers sur l'évènement "Jardy - Horse Ball"), soit en écrivant, notamment sur la page Facebook de la HB little family qu'il a créée en ce sens. |
Publié par Olivier_HBLF le 21-03-2016 11:03
Merci a vous deux pour ces retours. Vos experiences sont interessantes car elles confirment l'importance du manager : ce que j'appelle la vision, c'est bien le projet d'entreprise ou d'equipe auquel toute l'equipe doit adherer (ou pas... et c'est la que debutent les problemes). La comparaison avec le handball est forcement interessante car c'est le sport collectif Francais qui a le plus progresse et brille depuis les JO de Barcelone (le volley est peut-etre aussi sur cette voie la ou le rugby et le foot ont beaucoup plus subi des difficultes et des echecs).
Je ne savais pas que le hand avait trouve des sources d'inspiration dans le judo dans les annees 90 mais on ne peut pas douter que les resultats soient tout de meme lies a cette demarche globale d'inspiration et montee en competences.
J'ai passe la journee de samedi a Lamotte pour regarder les sessions avec les differentes equipes de France. J'en reparlerai mais la grande difference que j'ai constatee avec les entrainements dans certains clubs (meme petits) que je connais ne porte pas sur la nature des exercices realises mais bien sur le niveau d'exigence des coaches et d'engagement des cavaliers. Le niveau etait plus eleve des deux cotes et l'efficience forcement plus forte.
Publié par supporter le 15-03-2016 12:56
Sujet delicat s'il en est, car on l'a deja vu dans ce forum, les reproches peuvent voler autant que sur le sujet 'arbitres'... Je ne veux surtout pas m'exprimer a la place de l'equipe de Lille/Hem qui a eu cette ascension si fulgurante jusqu'a la Pro Elite, mais je me souviens de mes fils qui allaient ecouter autant qu'ils le pouvaient ce coach qui les fascinait et a disparu prematurement. Je pense que ce qui les attirait etait ce sentiment de justice dans les propos, la facon de le dire, qui pouvait parfois etre abrupte, pas de fausse bienveillance mais pas de 'punition' non plus, la facon de gerer les entrees et sorties de jeu qui permettent a chacun de se sentir membre responsabilise, et non culpabilise ou infantilise. Je me trompe peut-etre, mais il me semble que ce coach etait aime de son equipe, qui lui a rendu un bel hommage lorsqu'elle a accede a la PE...Merci pour votre chronique, qui doit interpeler sur toutes ces qualites de savoir-etre que vous decrivez, mais qui resteront inoperantes s'il n'y a pas ce savoir-faire dans la transmission : un bon coach, c'est aussi un bon communiquant.
Publié par Herve le 15-03-2016 08:51
Bonjour,
Je trouve votre article interessant, venant moi meme du handball, je suis arrive dans le horse ball par mes enfants, bien que je ne pratique pas, vous comprendrez que la strategie et les techniques de ce sport m'interesse.
Ayant cotoye Daniel CONSTANTINI, puis Claude ONESTA et Olivier KRUMBHOLZ , j'au pu remarquer egalement qu'en cas de reussite le chemin inverse a celui que vous constate de l'entreprise vers le sport est egalement vrai.
Dans votre article, vous parlez de coach, mais j'ai l'impression qu'entre le role de coach et celui d'entraineur ( qui sont pour moi deux fonctions distincts parfois menees par une seule et meme personne) il y a quelques fois confusion.
En effet dans la gestion d'un match, la transmission des techniques ou des valeurs n'est plus d'actualite.
Par contre dans le managera d'une equipe, il est important pour moi de prealablement etablir un projet et de le partager et le faire accepter. Il est ainsi plus facile de faire comprendre un message qui vise a atteindre un objectif commun definit dans le projet.
Enfin pour conclure, le horse ball a tout interet s'il veut grandir de s'inspirer des autres sports pour trouver son mode de fonctionnement comme l'a fait le hand ball pour ses techniciens en allant chercher dans les annees 90 au judo des pistes pour ameliorer son fonctionnement au travers de la formation de ses cadres et de son corps arbitrale.
Encore merci pour votre article qui a l'avantage de soulever un vaste sujet.
Bien Cordialement