INTERVIEW
Ghislaine Dehaumont - Mardi 26 Mai 2020
Si les grandes compétitions nationales occupent une large place dans le paysage horseballistique français, l'avenir et la réalité du horse ball se situent essentiellement dans les différentes régions de l'hexagone.
En effet, chaque week-end, de nombreuses équipes de tous les niveaux et composées de cavaliers de tous les âges, s’affrontent à travers la France. C’est également dans ces régions que débute le développement de notre discipline aux travers d’initiatives diverses visant à amener au horse ball de nouveaux clubs et de nouveaux joueurs.
La rédaction de www.horse-ball.org a souhaité donner la parole aux principaux acteurs de notre sport dans les régions... et nous prenons aujourd'hui la destination de la zone Centre Ouest, à la rencontre de Ghislaine Dehaumont (responsable de la zone de qualification Amateur & Amateur Féminine).
. Bonjour Ghislaine… Pourriez-vous nous présenter votre parcours dans le monde de l’équitation et du horse ball ?
. Ghislaine Dehaumont : Pour faire court, j’ai démarré l’équitation à l’âge de 10 ans en loisir et compétition (principalement CSO) à une époque où le horse ball ne se pratiquait pas. J’ai mis le pied dans ce monde en y suivant mes fils (1e championnat de France minimes à Miribel en 1996 avec leur équipe de l’Eperon d’Angers) et de fil en aiguille on se retrouve à acheter un club, à remonter une équipe de nationale jusqu’en Pro Elite, catégorie où l’on sévit depuis 2009...
. Vous êtes depuis cette année "responsable de zone" pour le Centre Ouest… Quelles sont vos missions ? Pourquoi avez-vous décidé de vous engager "politiquement" pour cette discipline ?
Ghislaine Dehaumont : Mes missions sont celles prévues au règlement. J’essaie d’être une interface aussi efficace que possible entre la FFE et la zone et surtout un lien fiable au sein de la région. Vous dîtes "décider" : je crois qu’on m’a juste dit qu’on avait besoin de quelqu’un et je suis souvent partante pour tenter de faire avancer les choses. Quand je m’engage ce n’est pas à moitié. Je pense être reconnue comme quelqu’un de rigoureux.
. Les circuits Pro, les Amateur, les clubs, le Grand Tournoi, la Coupe de France les finales mixtes et féminines… Quelle est votre vision des circuits de horse ball ?
. Ghislaine Dehaumont : Pour le moment, ma vision est plutôt floutée…. Suspendue à tous ces bouleversements que nous vivons tous…
. Comment est organisée la discipline dans votre secteur ? Quels sont vos points forts et vos difficultés ?
. Ghislaine Dehaumont : Nos difficultés, tout d’abord, sont géographiques puisque nous avons, en Jeunes et Club, une région Pays de La Loire étendue ; et en amateur une zone Centre Ouest d’autant plus étendue (qui se couple maintenant avec le Sud-Ouest en inter-régions) ça se passe de commentaire pour la complexité des déplacements et les coûts que cela engendre. Le horse ball s’essouffle au niveau Jeunes, se maintient à peu près au niveau Club mais la relève ne se fait pas dans les catégories Amateur et Pro.
. Vous êtes également responsable du club d’Angers… Expliquez-nous votre point de vue sur la présence des « étrangers » dans le championnat de France ?
. Ghislaine Dehaumont : De fait, on commence à fonctionner comme la ligue 1 de football (sans les budgets). Pour moi parler d’étrangers est dépassé. Dès les plus jeunes il est difficile d’avoir assez de structures capables d’aligner des équipes exclusivement avec leurs propres cavaliers. Il faut souvent parvenir à compléter avec ceux qui n’ont pas d’équipe chez eux. Dans les divisions Amateurs et Pro, prendre une licence dans un club ne signifie pas monter, s’entraîner et jouer dans ce club. Les équipes sont pour beaucoup un regroupement de joueurs plus ou moins éparpillés. A Angers nous avons démarré avec des locaux, puis au fil du temps et des arrêts des uns des autres (la région a quand même aligné 3 équipes sur les 8 de Pro Elite pendant 2 saisons), il a fallu élargir géographiquement le recrutement car il n’y a pas de relève dans la région. Nous sommes passés d’équipe locale à équipe de copains. Notre équipe est majoritairement constituée de joueurs belges, et finalement, si l’éloignement complique la tâche du coach qui, de fait, entraîne peu son équipe, il y a une bonne cohésion et une bonne entente dans le groupe. Les joueurs viennent pour se faire plaisir et nous font plaisir. Je crois que de tous (ou presque) les joueurs qui sont passés à Angers, nos joueurs belges sont les plus respectueux, les plus reconnaissants et… paradoxalement les plus fiers de porter nos couleurs ! Alors, l’important c’est d’aligner une formation qui mérite sa place dans la catégorie, et c’est mieux que d’aller "recruter" chez son voisin.
. En cette période difficile pour les établissements équestres, comment gérer vous "la crise" (sur la période de confinement), comment envisagez-vous les choses pour la suite ?
. Ghislaine Dehaumont : Au quotidien, on assure. Nous sommes une "petite" structure mais nous avons la chance d’avoir de la place et la météo fort heureusement nous simplifie la tâche. On a pu transférer les chevaux de club au pré ainsi que certains poneys de propriétaires, et la vie est plutôt belle pour eux. Notre enseignant, au chômage à mi-temps, assume les soins et le travail ou la mise au marcheur des chevaux. Je complète et assure le reste de la gestion. Economiquement nous allons, comme tout le monde, souffrir de ces semaines de fermeture. La situation de la société était saine, c’est déjà ça… Toutefois, je ne mesure pas l’impact qu’une telle crise aura sur le comportement des cavaliers pour les périodes à venir…
. Quel est votre souhait pour l’avenir du horse ball ?
. Ghislaine Dehaumont : Pour le fun, une démonstration aux JO… Pour le fond, ne plus être le parent pauvre…
. Avez-vous un dernier message à faire passer ?
. Ghislaine Dehaumont : La crise que nous traversons tous est terrible et j’espère qu’il en sortira au moins de bonnes choses de tous et de chacun et que nous repartirons avec un œil nouveau et d’autres comportements. Cela vaut pour notre petit monde du horse ball où je l’espère, solidarité et respect prendront tout leur sens.
. Merci d’avoir répondu à nos questions… à très bientôt !