INTERVIEW
Robin GUYON - Mercredi 22 Avril 2020
L’arbitre de horse ball fait partie intégrante du jeu : effectivement, sans arbitre pas de match. A la manière de n’importe quel autre sport d’équipe, l’arbitre est au moins aussi important que le dressage du cheval ou la maitrise du ballon. Seuls juges sur les matchs, les arbitres sont les modérateurs et les protecteurs du jeu. Plus largement, ils sont garants de la sécurité sur et autour du terrain.
La rédaction de www.horse-ball.org a souhaité partir à la rencontre de quelques arbitres incontournables du paysage horseballistique français… C’est au tour de Robin Guyon, afin de mieux connaitre sa vision de la discipline, son implication ainsi que son regard sur le rôle d’arbitre.
. Bonjour… Pourriez-vous nous présenter votre parcours dans le monde du horse ball et les raisons qui vous ont poussé à vous engager dans l’arbitrage ?
. Robin Guyon : Bonjour, j’ai commencé le horse ball il y a seulement 9 ans et je me suis investi dans l’arbitrage 2 ans plus tard.
L’arbitrage m’a toujours attiré, mais je ne pensais pas disposer d’assez d’expériences. Lors d’un match où il manquait un arbitre, je me suis proposé pour rendre service et ça a tout de suite confirmé mon envie pour l’arbitrage. C’est suite à ce match que j’ai débuté mon cursus d’arbitre.
Après m’être investi dans les régions Ile-de-France, Picardie, Bourgogne et passé les différentes étapes pour devenir Arbitre National puis National Elite, j’ai repris la responsabilité, la formation et la gestion de l’arbitrage dans ces régions.
Par la suite, j’ai pu intégrer les arbitres internationaux au sein de la FIHB.
L’investissement que j’ai dans le monde du horse-ball, à tous les niveaux, m’oblige à avoir une certaine organisation. C’est pour cela, que le horse-ball est bien plus qu’une passion, cela en devient un mode de vie.
. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, quant aux compétences nécessaires à la fonction d’arbitre ?
. Robin Guyon : La principale force d’un arbitre est d’être impartial et d’être capable de se remettre en question. On arbitre souvent, voir tout le temps, une personne que l’on connait ou avec qui nous avons des affinités. Pour autant, lors d’un match, aucun traitement de faveur ne doit être fait. Que ça soit aussi bien sur la sévérité, avec l’attribution d’un carton rouge, que sur l’indulgence lors d’une faute commise. Également, le fait d’avoir les yeux partout et de tout analyser en même temps n’est pas toujours facile. Savoir que notre décision, prise en quelques secondes, peut changer le cours du jeu, nous oblige à toujours rester vigilant sur l’ensemble des situations avec autant de pédagogie.
Pour finir, c’est très satisfaisant de voir que les arbitres que nous avons formé deviennent des arbitres nationaux et que notre pédagogie fonctionne, ce qui n’est pas toujours facile.
. Donnez-moi 1 avantage et 1 inconvénient à arbitrer ?
. Robin Guyon : Un avantage… celui qui me vient directement à l’esprit est la remise en question ou encore l’analyse de la situation en quelques secondes.
Les inconvénients sont plus visibles que les avantages mais la passion nous permet de les surmonter. Le fait d’être en désaccord avec nos coéquipiers, coach, amis, famille, supporters est pour moi le premier et le plus gros inconvénient de l’arbitrage.
. D’après-vous faut-il avoir été joueur, ou être joueur, pour être un meilleur arbitre ?
. Robin Guyon : Être joueur est un énorme avantage à être arbitre, rien que pour l’adaptation du règlement au jeu. Néanmoins, ce n’est pas un prérequis, depuis que nous avons mis en place l’arbitrage à 3 (à pied), nous avons pu voir officier des arbitres que nous n’aurions pas pu avoir avec le précédent système.
Une personne qui se plaît dans l’arbitrage et étant investie, peut devenir un très bon arbitre sans pour autant avoir déjà été joueur.
. Les arbitres sont souvent source de frustration pour les concurrents… bien souvent, les joueurs impliquent les arbitres dans la responsabilité de leur propre contre-performance… Comment vivez-vous ces critiques ?
. Robin Guyon : Nous le répétons souvent aux joueurs, les arbitres sont des êtres humains et non des robots. Les erreurs peuvent arriver autant qu’un joueur puisse rater un ramassage ou un but. Cependant, nous nous battons depuis plusieurs années pour réduire ces erreurs, surtout les plus flagrantes. Les interprétations sont le plus gros problème et pourtant ce sont les plus fréquentes. C’est pourquoi, nous essayons au travers des formations et de l’échange entre les autres régions d’améliorer l’arbitrage français et international.
Aussi, on voit depuis la mise en place du carton blanc, que les joueurs font de plus en plus attention à leur action et au dressage de leurs chevaux. Malgré cela, certains joueurs nous disent : "ça va, c’était en dehors de l’action". Le problème est que nous n’avons aucune certitude que ça puisse se produire au milieu d’une action. Et cela provoquerait un accident…
Je trouve plus appréciable de débriefer, avec les joueurs concernés, des reproches qui peuvent nous être fait lors d’un match, une fois que la pression du match soit redescendue. Le dialogue est beaucoup plus constructif qu’au bord du terrain.
. L’arbitrage vidéo : réalisable ou illusoire… qu’en pensez-vous ?
. Robin Guyon : Le football est une belle preuve que l’arbitrage vidéo est une vraie force pour les acteurs du jeu. Un arbitre doit prendre sa décision en quelques secondes. Des moyens aujourd’hui sont possibles pour que, même dans notre discipline, nous installions l’arbitrage vidéo. Prenons l’exemple des circuits fermés. Ces matchs sont filmés, pourquoi ne pas missionner les moyens déjà présents pour y intégrer l’arbitrage vidéo. Nous pourrions imaginer que, durant un match, chaque équipe ait le droit de faire appel 1 fois à la vidéo par mi-temps et que les arbitres pourraient y faire appel sans limite. Toutefois, seuls les arbitres resteraient juges de l’action en question. Bien entendu, cela devra être utilisé à bon escient et sans exagération. Cela pourrait réduire les « erreurs » d’arbitrage et ainsi réduire les tensions sur certains matchs.
. Pensez-vous que la fédération met en place suffisamment de moyens pour la bonne gestion des officiels de horse ball ?
. Robin Guyon : La fédération, les CRE ainsi que les anciens acteurs du sport ont permis d’offrir des services permettant aux officiels de progresser dans de bonnes conditions. Aujourd’hui encore, grâce aux personnes investies dans ce jeune sport, notre discipline grandit petit à petit et j’espère que cela ne s’arrêtera pas là. La commission fédérale se bat pour faire évoluer les choses et les améliorer au mieux en essayant d’unifier les formations.
Néanmoins, cela n’est pas encore assez. Je pense qu’il serait nécessaire de mettre en place, plus de formations nationales ou protocoles pour tous les acteurs du jeu : arbitres, président de jury, table de marque, chronométreurs…
. Comment organisez-vous la formation des arbitres dans votre région ?
. Robin Guyon : Dans nos régions, nous proposons 2 formations de deux jours durant l’année. Généralement, nous faisons :
- Une formation théorique en salle le samedi (Présentation, vidéo, règlement, missions des arbitres, …). Nous les adaptons au public que nous avons.
- Une formation pratique lors d’une journée de match.
Lors des finales régionales, une évaluation finale est également faite pour faire un point avec l’arbitre sur ces compétences, points d’améliorations et possible évolution. Sur chaque journée, les jeunes arbitres sont suivis par des arbitres plus expérimentés.
. Avez-vous un dernier message à faire passer ?
. Robin Guyon : J’espère que malgré cette situation extraordinaire, nous nous retrouverons tous rapidement sur les terrains de horse ball. J’espère également que le horse ball continuera d’attirer de nouvelles personnes et que de nouveaux clubs proposeront cette discipline afin d’agrandir la famille des horseballeurs. C’est un sport qui mérite d’avoir un vrai coup de projecteur, c’est pourquoi, nous devons continuer d’améliorer notre sport, par les règles, la sécurité, le dressage du cheval et le jeu.
. Merci d’avoir répondu à nos questions… à très bientôt !