INTERVIEW
Nadine LYPCA - Lundi 13 Avril 2020
Si les grandes compétitions nationales occupent une large place dans le paysage horseballistique français, l'avenir et la réalité du horse ball se situent essentiellement dans les différentes régions de l'hexagone.
En effet, chaque week-end, de nombreuses équipes de tous les niveaux et composées de cavaliers de tous les âges, s’affrontent à travers la France. C’est également dans ces régions que débute le développement de notre discipline aux travers d’initiatives diverses visant à amener au horse ball de nouveaux clubs et de nouveaux joueurs.
La rédaction de www.horse-ball.org a souhaité donner la parole aux principaux acteurs de notre sport dans les régions... et nous prenons aujourd'hui la destination de la zone Normandie, à la rencontre de Nadine Lypca (responsable de la zone de qualification Amateur & Amateur Féminine).
. Bonjour Nadine… Pourriez-vous nous présenter votre parcours dans le monde de l’équitation et du horse ball ?
. Nadine Lypca : Bonjour ! J’ai commencé l’équitation à l’âge de 10 ans à Barneville, mon lieu de vacances, étant rouennaise, à cette époque. La vie faisant, je me suis installée à Barneville en 1987 avec Stéphan Lypca et ensemble nous avons créé et développé l’école d’équitation. Quelques années après, j’ai découvert le horse ball lors d’un stage enseignant organisé dans le département. Tout de suite, j’ai aimé cette discipline : un sport d’équipe à cheval, la complicité entre le cavalier et sa monture, l’ambiance que pouvaient amener les entraînements et les matchs. A cette époque nous commencions tout juste à développer le poney-club donc nous avons commencé à jouer avec quelques cavaliers à cheval. Notre début en compétition fut assez laborieux ; nous rencontrions des équipes comme Fougères avec Sernin Pitois, Jean-François Bourdon etc... et les équipes d’Agon Coutainville dirigée à l’époque par Willy Richard. C’est dire ! Nous avons appris dès le départ à perdre. Mais passionnée j’ai persisté ! Je me suis renseignée, formée. J’ai stoppé aussi ma carrière de horseballeuse car étant à cheval aussi, les joueurs n’étaient pas autant attentifs à mes consignes ; j’ai donc préféré rester enseignante et coach.
J’ai pu ensuite mettre en place des équipes poneys et c’est ainsi que j’ai participé pour la première fois aux Championnats de France à Lamotte en 1998, sans en manquer aucun depuis ! J’ai donc continué à me former lors de stages et c’est ainsi que j’ai pu transmettre à mes cavaliers et cavalières et progressivement monter les niveaux jusqu’à arriver en Pro Elite Féminine en 2010 pour 2 saisons : quelle expérience !
. Vous êtes responsable d’une structure et avez des "responsabilités" au niveau régional et national dans l’organisation de la discipline. Depuis combien de temps êtes-vous en charge de la discipline dans votre région ? Quelles sont vos missions ? Pouvez-vous nous expliquer la manière dont vous "combiné" ces différentes casquettes ?
. Nadine Lypca : Passionnée de horse ball, qui commençait à se développer dans la région, j’ai choisi de m’investir quand la place de Présidente de Commission Régionale s’est trouvée vacante, il y a une vingtaine d’années. Ma mission est de développer la discipline, organiser les stages, les différents championnats, répondre à la demande des clubs désirant la mettre en place et surtout fédérer les clubs membres de la commission et les représenter au CRE. C’était donc logique pour moi de représenter ma région au niveau national pour servir de lien, remonter ou redescendre les informations et défendre la Normandie.
Je pense réussir à "combiner" ces casquettes en favorisant le dialogue et en essayant d’être objective pour défendre l’intérêt des clubs, et surtout du horse ball tout en gardant mes propres valeurs que je mets en place dans ma structure.
. La région Normandie est devenue en quelques années l’une des plus actives et foisonnantes dans le monde du horse ball, à tous les niveaux, dans tous les domaines et dans tous les circuits… Comment expliquez-vous l’évolution du horse ball dans votre secteur ?
. Nadine Lypca : Le horse ball a pu se développer en Normandie, tout d’abord car la commission et ses actions ont toujours été soutenues par le CRE de Normandie. Il a toujours eu à cœur de soutenir toutes les disciplines ; ce qui facilite les stages enseignants, d’arbitrage (une de nos priorités !) , de détection ou les stages de mise en place de la discipline dans les clubs ainsi que l’achat de matériel. Il a soutenu également les organisations, au tout début initiées par Marie Quetier, Sernin Pitois et "les Roses" de plus en plus importantes en Normandie. Que d’émotion aux JEM 2014 dans le CPE de Saint Lo ! Ces événements ont permis de médiatiser la discipline dans notre région et d’avoir un public désireux de matchs et le désir de cavaliers de pratiquer.
De plus les membres de la Commission sont tous motivés et investis pour le horse ball : les réunions sont constructives, parfois animées, mais toujours positives. Du coup les équipes normandes progressent d’années en années jusqu’au plus haut niveau pour certaines ; ce qui fait notre fierté de normands !
. Les circuits Pro, les Amateur, les clubs, le Grand Tournoi, la Coupe de France les finales mixtes et féminines… Quelle est votre vision des circuits de horse ball ?
. Nadine Lypca : Je trouve que les circuits actuels ont bien évolué et sont adaptés aux envies et besoins des horseballeurs. Chaque équipe, chaque club, peut y trouver son compte en fonction de ses moyens.
La création de catégorie Pro, il y a quelques années, est un bon tremplin entre l’Amateur Elite et la Pro Elite, sans elle la différence de niveau était trop grande lors de la montée. Le retour de la Coupe de France est bien aussi. Elle donne un enjeu supplémentaire aux équipes engagées dans nos régions qui espèrent se confronter aux équipes mythiques lors des tours suivants…
Le système de l’Amateur Elite, mis en place cette année, est positif aussi. Les équipes du prologue, certes, doivent se rencontrer tôt et rapidement (quand il y en a beaucoup) dans la saison mais justement ce sont les équipes régulières et performantes qui se qualifient ; cela prouve bien que c’est le travail des chevaux et les entraînements qui paient.
Le niveau technique du horse ball augmente et sans travail il n’est pas possible de se tenir à niveau.
. Pour vous, quelles sont les forces et les faiblesses de notre discipline ?
. Nadine Lypca : La force du horse ball est à mon avis que c’est la discipline équestre la plus médiatisable. Ce sport d’équipe accroche le public même néophyte lors des journées ou des démonstrations. Les matchs sont dynamiques ; la complicité entre le cavalier et sa monture épatent les spectateurs, ils sont étonnés de la façon dont les chevaux et poneys peuvent se piquer au jeu et de l’ambiance qui se crée d’elle-même par l’engouement du public.
Quant à la faiblesse du horse-ball, je vais m’exprimer là comme dirigeante et enseignante : la difficulté de cette discipline, pour un petit club comme le mien, est de recruter pour former les équipes quand on n’a pas un grand réservoir de cavaliers, alors que ce principe d’équipe est ce qui m’a plu au départ…
. Si vous aviez un "coup de gueule" à passer, quel serait-il ?
. Nadine Lypca : Il m’arrive de pousser des "coups de gueule" quand je vois du horse ball se pratiquer au détriment des chevaux ! C’est tout d’abord un sport équestre ! Ne l’oublions jamais ! Heureusement le règlement et l’arbitrage évoluent bien dans ce sens…
. Vous êtes également responsable des équipes de Barneville. En cette période difficile, comment gérez vous "la crise", comment envisagez-vous les choses pour la suite ?
. Nadine Lypca : J’essaie de gérer la crise au mieux. Avec mon fils et mon compagnon on continue à gérer l’entretien, les soins et le travail de nos chevaux. Notre priorité est leur bien-être. Par contre j’espère que le confinement ne durera pas trop longtemps car sans activité il en va de la survie de nos structures.
Pour ce qui est des compétitions de horse ball, pour moi, cette saison sera une année blanche pour les clubs et les jeunes et certainement pour les Féminines. Les Finales de Jardy pourront éventuellement être épargnées en les adaptant mais bien sûr cela dépendra des mesures à venir.
. Quel est votre souhait pour l’avenir du horse ball ?
. Nadine Lypca : Mon souhait est que le horse-ball se développe encore et encore et soit médiatisé, comme je l’ai expliqué plus haut ; mais toujours avec des cavaliers ou cavalières dressant et montant dans le respect du cheval et avec un arbitrage qui va dans ce sens.
. Avez-vous un dernier message à faire passer ?
. Nadine Lypca : Merci de m’avoir donné la parole. Bon courage à tous et prenez soin de vous !
. Merci d’avoir répondu à nos questions… à très bientôt !